Le Vietnam partie 8 – La baie d’Ha Long et l’île de Cát Bà

Difficile le lever mais bon, nous nous sommes dits que nous pourrions dormir dans le bus.  Erreur! La chaussée était bien trop cahoteuse et les banquettes d’un de ces formats qui ne sont confortables dans absolument aucune position. Comme les sièges du Mc Donald’s, mais pour un minibus.

La baie d'Ha Long

La baie d’Ha Long

À l’arrivée au port, le contenu du bus a été séparé en deux; les couples d’un côté et les voyageurs individuels de l’autre. Une fois à bord du bateau, nous avons été assignés à notre chambre et le navire se mit bientôt en marche vers sa première destination, une grotte. De l’extérieur, ce dernier n’avait pas grand chose d’inspirant, mais l’intérieur était surprenament bien fourni et le repas qui nous a été servi pour le déjeuner étonnament bon. Tout ça pour 70$ par tête avec un équipage de quatre pour deux jours, je commençais à me dire que nous avions fait une bonne affaire. D’autant plus que nous n’étions que sept. Moi, Yves-Étienne, une indienne et quatre allemands.

La grotte Sung SokNous nous y attendions mais la grotte Sung Sok s’avéra être une grosse farce. Autrefois un endroit probablement spectaculaire en raison de sa vastitude, les autorités Vietnamiennes avait cru bon d’y installer des fontaines et des lumières arc-en-ciel. J’aime mes cavernes avec de la fiante de volatile partout, de gros insectes, de la noirceur et des chauves-souris qui me passent au ras du crâne, mais là, ça n’aurait pas pu être plus asseptisé que ça. Au grand bonheur des touristes chinois qui la cartographiaient sous tous ses plus menus angles à coup de flash. Une fois sortis, ils s’en prirent à Dipti, l’indienne et moi de rire de sa popularité impromptue, c’est ensuite vers ma personne qu’ils se tournèrent pour une séance photo. Les vendeuses de bricoles Vietnamiennes elles, ne sont pas racistes et nous donnèrent donc tous de l’attention: You buy something? Vu le nombre de bateaux à l’extérieur du site, la visite n’aurait pas pu être autre. Je ne sais pas quel est le débit précis de visiteurs dans cette grotte, mais ce dont je suis certain, c’est qu’il est largement trop élevé pour permettre à la vie caverneuse se subsister.

De retour à bord du bateau pour une heure pour un autre arrêt, cette fois à un village flottant de pêcheurs. Encore la même histoire sauf que là, on se fait filer des kayaks et l’on se promène parmis les formations rocheuses. Il faut le dire, la baie d’Ha Long est un endroit spectaculaire. D’autant plus que pour nous, les conditions n’étaient pas idéales, car encore trop tôt dans la saison, le ciel était nuageux et la visibilité limités à quelques kilomètres. Ceci dit, comment les villageois devaient se sentir de voir défiler des centaines de touristes chaque jour dans leur cour arrière? Choyés selon notre guide, car apparament, une partie des revenus leur est redistribuée. Alors pourquoi des enfants à bord de barques défraîchies étaient venus à l’abordage de nos kayaks pour nous soutirer des sous ou nous vendre des bananes (des bananes en pleine mer…)? Redistribution des richesses version communiste voilà…

Le village flottant
Le village flottant

Finamelement, la prochaine halte allait être la dernière de la journée. Là, nous pouvions nous baigner selon notre guide. L’eau était froide, mais ce n’était pas ça qui allait nous arrêter. La pollution par contre nous fit réfléchir deux fois avant de sauter, mais Yves-Éteinne et moi, fières représentants de la nation nordique du Canada (pour le meilleur et pour le pire), avons tout même décidé de faire fi des sacs plastiques flottants dans les parrages et de nous mouiller dans la fameuse baie d’Ha Long. Un saut de l’arrière du bateau, pas si mal finalement. Contre les indications de l’équipage, nous nous sommes rendus jusqu’au pont supérieur pour plonger au grand amusement de nos compagnons de croisières qui reçurent tous par la suite la mention de “mauviettes allemandes” de notre part une fois secs et de retour parmis eux. L’indienne, venant d’un pays chaud, fut excusée.

La soirée a commencé avec un autre très bon repas et s’est poursuivie sur le pont supérieur à discuter de diverses choses. Sur l’autre bateau, on apercevait la boule disco qui tournait et le bruit émanant de celui-ci laissait supposer de la grosse débauche. Je n’aurais pas été contre un peu plus d’action, mais de boire une bière tranquille parmis les silhouettes des pics rocheux de la baie se dessinant sur le ciel étoilé, je n’étais pas contre non-plus. Au programme du lendemain, nous devions aller visiter une autre grotte sur l’île de Cat Ba, ce que nous avons fait, mais au lieu de retourner à bord du navire et de revenir au port, nous sommes resté pour l’explorer un peu plus en profondeur.

L’île de Cat Ba

Notre permière visite sur l’île a été “Hospital Cave” qui comme son nom l’indique, fut à un moment dans son histoire un hôpital. Aussi un bunker et un post de commandement. Là, nous avons été un peu plus satisfait, car il semblait que la grotte avait été très peu modifiée et au petit café en face, le gardien a été fort sociable et aimable. L’autobus nous a ensuite ammené jusqu’à Cat Ba town, de l’autre côté de l’île, ce qui sonnait aussi la fin de la partie organisée de notre séjour dans la baie d’Ha Long. Les Allemands eux, continuaient pour une journée encore sur l’île des singes, mais la perspective d’aller voir des primates en semi-captivité ne nous inspirait pas trop Yves-Étienne et moi alors c’est pourquoi nous avons préféré continuer par nos propres moyens.

Vue de Cat Ba

Donc vite nous avons trouvé notre auberge et vite nous avons gagné notre chambre pour y faire une sieste, ou plutôt une partie de nuit, car après trois-heures de sommeil, voyant que mon compagnon ne se réveillait pas, j’ai été forcé de le secouer un peu: nous avions planifié d’aller nous ballader dans le parc national de l’île. Une fois la moto louée et un petit  arrêt à un resto, nous étions en route vers le parc. L’île de Cat Ba est un endroit magnifique. Faisant partie de la baie d’Ha Long, elle est évidemment le fruit du même processus géologique sauf que là, tout se trouve au dessus de l’eau. D’ailleurs, nous avons pu en observer l’étendu du haut d’un de ce pic que nous avons gravi lors de notre petite session de hiking. Le préposé à l’entrée du parc nous avait recommandé un bon deux heures pour faire l’aller retour, mais en un peu mois d’une heure, nous avions non-seulement monté la montagne, mais aussi exploré tous le réseau de sentiers immédiat.

DSC00397Ayant encore quelques heures de clarté, nous sommes ensuite allé explorer l’île à moto. Même décor spectaculaire. Sur un pan de route droit, j’ai laissé Yves-Étienne conduire avec moi comme passager, car il était curieux de voir comment la machine se comportait avec 80 kilos sur le siège arrière. De retour à Cat Ba town, il nous restait encore un peu de temps alors nous sommes montés jusqu’au fort, autrefois construit par les Français pour défendre l’île. Là par contre, nous avons surestimé un peu la lumière qu’il nous restait pour la visite et l’avons complété de nuit. Tout avait été fermé, mais en revanche, nous avions le fort pour nous-mêmes. Une pizza trop liquide pour souper et encore fatigués des dernier jours, nous avons passé le reste de la soirée à regarder la télévision. J’ai tenté d’ouvrir mon ordinateur pour travailler un peu, mais la lâcheté a eu le meilleur de ma personne alors j’ai remis tout ça au lendemain et me suis laissé lobotomisé par le petit écran. Je ne regarde la télévision qu’à peu près tous les 3 mois et l’on dirait qu’à chaque fois, la qualité de la programmation empire un peu plus.

Cat Ba town et ses restaurants flottants
Cat Ba town et ses restaurants flottants

Une grosse nuit derrière nous donc, nous nous sommes levés plutôt de bonne heure et après un déjeuner de pain, saucisse et oeufs, je me suis attablé à mon ordinateur pendant qu’Yves-Étienne est parti se promener à moto tout seul. En récupérant mes e-mails, j’ai reçu la nouvelle comme quoi j’étais convoqué aux entrevues de médecine pour l’Université de Montréal. Toute une suprise! En décembre dernier lorsque j’étais au Japon, j’avais appliqué aux trois grandes universités québécoises pour rentrer dans leur programme de doctorat en médecine et durant les derniers jours, deux d’entres elles m’avaient répondus négativement en raison de mes notes. Chose à quoi je m’attendais.

Les principes guident une bonne partie de ma vie, notamment celui de la parole. Avant de partir en voyage, j’avais formulé l’idée de devenir docteur, pensant que ce pourrait être le genre de défi et de vocation que je recherchais, mais en raison de la sélection très stricte, je n’y croyais pas vraiment, pensant que mon cheminement de vie ayant été un peu trop hétéroclite pour faire de moi un candidat viable. Cependant, comme j’avais dit que j’essaierai, par principe j’ai effectivement postulé. Je ne cacherai pas que le retour négatif de deux universités a effleuré mon ego et je m’attendais à ce que la réponse de la troisième se situe dans les mêmes lignes, mais lorsque j’ai vu le e-mail, je n’en croyais pas mes yeux.

Ce fut un sentiement plutôt difficile à contenir. Yves-Étienne est revenu très vite de sa balade en raison d’une avarie et a dû me sentir très fébrile lorsque je lui ai résumé la situation. La meilleure manière dont j’ai pu lui décrire mes émotions a été en comparant ce e-mail à la lotterie. À mois d’avoir un sérieux problème de jeux compulsif, lorsqu’on joue à la grosse lotterie, on ne s’attend jamais vraiment à gagner. Tout de même, l’imagination s’emballe et fabule sur une vie désormais dénuée de souçis financiers, mais notre être rationel sait très bien que le tout ne restera dans le domaine du rêve. Lorsque la chose se matérialise par contre, on ne sait quoi penser. Tous les plans que nous avions sont à revoir et seront changés. Toutes une foules de nouvelles variables de vie à prendre en compte. Mais le cerveau humain a de cette atout fondamental qu’il s’adapte et la seconde où le mien a pris connaissance de la nouvelle, il s’est remis aux planches à dessin. Il allait donc falloir que je retourne au Canada. Mon voyage s’arrêterai donc au Vietnam. Flatté de cette nouvelle, je me sentais toutefois deçu de ne pas pouvoir compléter mon périple. Mais bon, ne nous emportons pas, la partie n’est pas gagné et si je suis tout de même refusé, le Laos et le Cambodge seront encore là pour m’accueilllir. Sans oublier le fait que je me commençais à me sentir mature pour une autre pause.

 

Vue de Cat Ba town du port de pêcheurs
Vue de Cat Ba town du port de pêcheurs
Nettoyage de calmars
Nettoyage de calmars

Dans l’après-midi, nous sommes retournés au parc pour visiter une grotte avoisinante et de retour en ville, nous nous sommes dirigés vers le port de pêcheurs. Rien de grandiose ne s’est passé et nous n’avons fait que discuter. J’en vait bien besoin semblait-il. Après une bière dans le coin et un repas non-loin de l’auberge, nous sommes sortis au bar d’occidentaux de Cat Ba town. Il y avait une bonne ambiance, des ballons de gaz hilarant et des gens intéressants avec qui discuter. Tard nous nous sommes couchés, mais de toute manière, la journée du lendemain nous retournions à Ha Noi et allions pouvoir somnoler un peu dans les transports.

Moi, j’avais encore le cerveau qui fonctionnait à cent-milles à l’heure.

Photos: Yves-Étienne Landry

Le Vietnam partie 7 – Escale à Hà Nội

Arrivée en train à Ha Noi
Arrivée en train à Ha Noi

Notre prochaine étape devait être la baie d’Halong, mais comme nous n’avions pas vraiment d’idée de quel manière il fallait la visiter et que nous étions arrivés trop tard à Ha Noi de toute façon, nous devions donc y passer une nuit. Aucun problème, car il devait y avoir suffisament de choses à y visiter pour occuper cette journée. Une fois nos affaires déposées à l’auberge, nous nous sommes mis à la recherche d’un restaurant pour y déjeûner et avons arrêté notre choix sur une petite cuisine de rue qui servait du bun cha (porc barbecue). La qualité de la nourriture a été si étonnante que nous y sommes retournés dans la soirée, pour nous rendre compte que l’endroit avait disparu.

Scène de rue
Scène de rue

Bref, le ventre plein, nous nous sommes aiguillés vers la première étape du tour à la marche du vieux Ha Noi recommandé par Lonely Planet. Sans trop de surprises, ce fut magasin après magasin. Une fois au marché et quelque peu blasés par la visite, j’ai traîné Yves-Étienne partout dans le quartier pour trouver du Durian, que finalement j’ai déniché dans une petite allée. Par contre, c’était le fuit complet, donc beaucoup trop, spécialement en raison du fait que je m’attendais pas à ce que mon ami apprécie le goût tant que ça. J’ai donc demandé à la dame de me l’ouvrir et de m’en donner la moitié. Chose qu’au début elle a rechigné à faire, mais en voyant que j’étais prêt à payer 100 000 dongs pour une moitié de fruit, tout se suite elle a obtempéré. Je me suis donc fait arnaquer un peu, ce qui ne s’est pas avéré être si grave, car Yves-Étienne, n’appréciant pas vraiment le goût, m’a gentillement laissé terminer sa portion. Ce fut le moment fort de la visite du vieux Hanoi, qui comme beaucoup d’autre villes du pays, est surtout un gros magasin de souvenirs.

Le Vietnam, centre du monde
Le Vietnam, centre du monde

De retout dans le quartier de notre auberge. Il nous fallait réserver notre croisière pour la baie d’Halong. Croisière, car l’endroit étant manifestment en majeure partie couvert d’eau, la seule manière de le visiter était de se réserver une place sur un périple très touristique de deux ou trois jours à bord d’un bateau. Par chance, la première agence visité fut la bonne et les autres purent peut-être accoter le prix, mais pas le service. Nous avions fais nos recherches avant d’aller réserver notre tour et comme le temps nous permettait une autre destination, nous avions décidé de combiner notre croisière avec une visite de l’île de Cat Ba sur laquelle le bateau devait nous déposer au deuxième jour plutôt que de nous ammener au port puis à Ha Noi.

Comme nous nous trouvions dans une auberge de type “party”, des évènements étaient organisés pas mal chaque soir qui quotidiennement se terminaient par un pub crawl. Devant partir tôt le lendemain, nous allions passer le pub-crawl, mais pour la bière d’avant, nous étions plus que partant. Malheureusement (j’aurais du mieux savoir…), l’atmosphère se composait presque entièrement de jeunes étalons surexcités par la perspective d’une soirée sur la boisson. On s’emmerdait pas mal, mais éventuellement Jasmine par hasard débarquée accompagnée de son hôte vietnamienne de couch-surfing. J’avais rencontré Jasmine la première fois à Chiang Mai et sa présence ici à Ha Noi état totalement fortuite. Un personne très intéressante, j’avais malheureusement une extrême difficultée à communiquer avec elle en raison de son fort accent couplé avec une faiblesse d’élocution assez marquante. Yves-Étienne me confirma que ce n’était pas que de ma faute. Peu importe, nous avons passé le reste de la soirée avec eux en discutant autour de bia hoi à 8000 dongs le verre, donc mois de 50 cents; la bière la moins cher du monde est au Vietnam.

Réveil aux petites heures le lendemain pour un départ vers la baie d’Halong.

Photos: Yves-Étienne Landry

Le Vietnam partie 6 – Huế

Comme le train partait en fin de soirée, nous avions suffisament de temps pour passer la journée à visiter Hué, ancienne capitale Vietnamienne. L’attraction incontournable de la ville est sa formidable citadelle, siège de l’empire de l’époque. Nous étant levés relativement tard, la visite de cette dernière a été pas mal la seule activité de la journée. Sur le retour à l’auberge par contre, nous nous sommes remplis de bouffe de rue, car contrairement au reste du Vietnam où c’est surtout pho (soupe), bun cha (porc barbecue) et com (riz), il y avait beaucoup de variété (à Da Lat aussi en y reprensant bien).

Le soir venu, nous nous sommes rendus à la gare pour prendre notre train de nuit à Hanoi, mais pas avant d’avoir fait quelques emplettes de bière et d’eau. Très comparable au train chinois quoi que moins bondé, le trajet fut plutôt comfortable et relaxant, avec en prime un wagon restaurant. Après 14 heures de train donc, nous sommes arrivés à la capitale du Vietnam, Ha Noi, et ce relativement reposés.

Dans le train vers Ha Noi
Dans le train vers Ha Noi

Photos: Yves-Étienne Landry

Le Vietnam partie 5 – Hội An à Huế

Sur la plage à Da Nang
Sur la plage à Da Nang
La montagne de marbre
La montagne de marbre

Le trajet de Hoi An vers Hué (ou vice-versa) a été rendu populaire par l’émission de voiture britannique “Top Gear“, où pour un épisode les hôtes devaient parcourir le Viet Nam à moto en deux semaines de Ho Chi Minh ville à Hanoi avec comme slogan “We’re gonna do in eight days what the Americans could not do in eight years”. Yves-Étienne, ayant visionné l’épisode en question,  était plutôt excité, car comme le confirmait le site d’Easy Riders, qui en fait avait un tour spécialement destiné à ce trajet, ce dernier avait été qualifé par Top Gear de “Ride of Lifetime”. J’avais moi aussi hâte de voir. Mr. Thàn à l’heure nous sommes sautés en selle, mais la journée commença par des problèmes de casque et la moto de Yom qui peinait à démarrer. Un détour chez Mr. Than et un plein plus tard, nous nous sommes mis en route vers notre premier arrêt: la montagne de marbre aux abords de Da Nang. J’en avait déjà vu de ces collines transformées en temples et celle-ci s’avéra être assez standard, mais mes amis étaient manifestment charmés par l’endroit et pour être franc, ce genre de visite est beaucoup plus agréable en groupe que seul. L’atmosphère à l’intérieur de la grotte principale se prêta à quelques jeux photographiques aux résultats très intéressants et finalement, même si le lieu était évidemment adapté à la population des resorts de la région, nous y avons passé un bon moment, couronné par des paris sur le nombre de “You buy something?” qui allaient nous être dirigiés à la sortie de la montagne en passant par les étals de souvenirs. De la rigolade au dépend des Vietnamiens.

Les cieux m'appellent
Les cieux m’appellent
Pause sur le bord de la route
Pause sur le bord de la route

Yves-Étienne circulait en moto semi-automatique, du type sur lequel il avait fait ses armes à Da Lat et Yom avait un scooter bien standard, car peu expérimenté. Pour ma part, Mr. Than m’avait prêté sa propre moto, une Honda 125cc à l’allure custom, sa fierté, car au Vietnam, 99% des motos sont du type de celles de mes amis. Mis à part diverses pauses pour observer le paysage et se faire emmerder par des vendeuses de bricoles stratégiquement disposées là où la vue est la plus belle, l’arrêt suivant a été le col de Hai Van. La montée vers celui-ci fut spectaculaire et je dois avouer que comme première expérience de moto, mes amis furent gâtés par le moment. Une belle route serpentant dans les montagnes vers le col duquel un flot de nuages de déversait. Une fois là-bas par contre, nous nous sommes retrouvés dans un brouillard qui limitait la visibilité à une centaine de mètres. De l’autre côté du col, c’était la même histoire, le climat était sensiblement différent du soleil radieux qui nous avait accompagné jusqu’à présent.

Vers le col de Hai Van
Vers le col de Hai Van

Une fois redescendus, nous nous sommes arrêtés à un restaurant pour le déjeûner et aussitôt que nous avons repris la route, une légère pluie s’est mise à tomber au grand désarroi de mes amis. Effectivement, en moto, on s’expose aux éléments. Mr. Than nous a arrêté sur le bord de la route et a donné des combinaisons imperméables à Yves-Étienne et Yom. Moi, je m’en sortais pas mal, car le carénage de ma machine me protégait d’une bonne partie de l’eau et de toute manière, j’étais habitué a faire de la moto trempé. C’était de la petite pluie, j’avais vu bien pire, du genre de précipitation que peu importe le vêtement, on est innondé quasi instantanément. À un moment, nous avons bifurqué sur des routes secondaires pour aller voir les Chutes de l’Éléphant (moi qui croyait qu’il y allait avoir de vrais pachidermes), des rapides dont les berges avait été envahis par des restaurants destinés aux touristes vietnamiens. Le décor était tout de même enchanteur et avec le ciel gris, l’humidité et le son de la pluie en pleine forêt, le tout se combinait en une atmosphère fraîche et visuallement plaisante. J’ai donc trouvé que la détour valait le coup, d’autant plus que pour remonter le rapide, il fallait sauter de pierre en pierre. Loin d’être de l’escalade, c’était par contre un exercice de dextérité qui d’ordinaire m’amuse beaucoup et cette fois n’y faisait pas exception. En ce qui concernait le trajet de moto, la pluie avait rendu la piste un peu difficile à négocier pour mes amis novices, mais vite fait nous sommes retournés sur la route principale avec la pluie qui nous accompagnait toujours.

Quand même, “The ride of lifetime”? Nous partagions la route avec camions et autobus acoompagnés de leur klaxonnage intempestif. La limite de vitesse pour les motos au Vietnam étant en deça des celles des autres véhicules plus gros avec en plus la pluie, nous étions forcés de circuler sur l’accottement (TRÈS DANGEREUX). Yves-Étienne suivait Yom d’un peu trop près et lorsque celui-ci donna un coup de frein, il enfonça à son tour par réflexe le frein avant de sa moto ce qui à cause du gravier et du manque d’expérience, le précipita sur la chaussée. Merde. Je me suis tout de suite arrêté pour lui porter assistance, mais les Vietnamiens l’avaient déjà relevé. Après questionnement sur son état physique, c’était plus de peur que de mal, mais le sentant quand même fébrile et encore sur l’adrénaline d’une situation qui aurait avoir une issue beaucoup plus grave, j’ai convaincu les autres qu’il fallait mieux prendre un pause pour que tout le monde puisse se ressaisir. Ses vêtements l’avais protégé, il avait une hanche et un coude un peu endolori et une légère coupure sur la cheville mais c’était tout, le reste de l’équipement, incluant le casque, avait absorbé le choc. Ironique, la soirée d’avant au bar, lorsque nous avions trinqué à la journée présente, j’avais explicitement porté mon verre à ce que personne ne se plante.

Lorsque nous avons repris le chemin, Mr. Than, qui n’allait déjà par très vite, ralentit encore plus le rhythme. Un peu plus tard, après avoir circulé un moment dans le traffic d’Hué, nous sommes tous arrivés sain et sauf à notre point d’arrivé, là où nous devions laisser notre guide et les motos. Bien que peu locace, il avait tout de même fait un bon travail et avait livré la marchandise; les intempéries et accidents étant hors de son contrôle. En voyant son visage s’illuminer à la vue du pourboire que nous lui avons laissé, lui aussi fût apparament satisfait de nous avoir eu comme clients.

Que d’expériences quand même, montagne, pluie, accident, traffic, la totale pour les deux autres qui n’avaient pratiquement jamais conduit de moto de leur vie. Yom était à une auberge différente, alors après un souper de pizza pour nous récompenser d’une journée productive au niveau tourisme, nous avons pris congé de lui pour aller acheter des billets de train pour Hanoi. Au retour de la gare et contents de ne pas avoir à prendre l’autobus encore une fois, Yves-Étienne, draîné par sa journée, parti se coucher tandis que j’ai rejoint Yom à son auberge pour passer un dernier moment en sa compagnie.

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Photos: Yves-Étienne Landry

Le Vietnam partie 4 – Hội An

La vielle ville de Hoi An
La vielle ville de Hoi An

Contrairement à l’autobus Dalat-Nah Trang, nos conducteurs avaient le service à la clientèle à coeur et bien qu’ils ne se rendaient pas jusqu’à Hoi An, ils nous ont quand même par leurs propres soins transféré dans un autre autobus qui y allait. Nous n’avions pas encore d’auberge et une fois débarqué, il est devenu évident que nous n’étions pas seuls dans cette situation. Accompagnés d’un français, Yom et d’une canadienne de l’Alberta, Jaclyn, tous deux plusieurs mois dans la région, nous avons erré un moment dans la ville pour vite nous rendre à l’évidence qu’Hoi An était tel qu’elle nous avait été décrite, belle et charmante, mais autrement un immense magasin de souvenirs doublés d’hôtels de luxe et de restaurants chers. Il devait s’y trouver des options plus aborables, alors au premier café wifi, nous nous sommes arrêtés pour vérifier ce que l’internet avais à nous offrir. Beaucoup mieux, le Sleepy Gecko, pas directement dans la ville, mais selon sa description et les critiques, l’endroit que nous cherchions. Cette contrainte écartée, nous sommes restés une bonne heure supplémentaire attablés devant nos verres vides à parler de tout et de rien.

DSC00191Yom, en raison d’un anglais fonctionnel mais pas vraiment à la hauteur de nos conversations, se contentait d’écouter, posant quelques questions de temps à autres pour raccrocher le fil, mais Jaclyn débitait et débitait des paroles. Une maîtrise faite en trois ans, une traversée du Canada sur le pouce, ceinture noire de je ne sais plus trop quel art martial et dans la moitié d’une famille de sept enfants avec pas moins d’une centaine de cousins. De l’Alberta elle venait? À tout le moins elle avait des idées intéressantes, mais vite je commençais à me douter de certaines choses par rapport à sa personne. Plus tard, nos affaires en sécurité (relative) à l’auberge et une petite session de piscine pour nous rafraîchir, nous sommes retournés en ville pour nous trouver un restaurant et ce faisant continuer à parler. Là tout se mit en place, Jaclyn ainsi que tous ses frères et soeurs, avait été éduquée à la maison pour des raisons évidemment religieuses et son bac et sa maîtrise avait été complétés à distance. Ses soeurs plus vielles étaient bien entendu toutes déjà mariées avec de la marmaille à revendre. Elle par contre se décrivait un peu comme le cygne noir de sa famille et avait choisi dans le moment de mettre son dessein (enfanter de petits chrétiens) en suspend et de prendre le sac à dos pour aller explorer le monde, décision inusitée dans son millieu où la vie est dictée par la tradition chrétienne. On ne défait pas une vie d’éducation rigoureusement religieuse, surtout pas dans ce genre de contexte, mais Jaclyn avait l’esprit auto-critique et avait visiblement beaucoup questionné l’existence et avait par conséquent des opinions intéressantes et parfois relativement avant-gardistes. Son principal défaut, fruit d’une scolarité hors d’un milieu social conventionnel, se déclinait en un constant besoin d’affirmation, comme si les interactions avec autrui devaient être une sorte de compétition. Enfance normale ou pas, les gens en manque de confiance en eux ou vantards se retouvent partout, mais dans son cas, il était d’autant plus surprenant qu’elle avait décroché une maîtrise en travail social et leadership. N’empêche qu’elle était une personne fascinante. Après le repas, la visite d’un temple et de l’investigation quant aux possibilités de plongée sous-marine dans les parages, Yom et moi nous séparèrent des deux autres; moi pour travailler, lui pour aller se fumer un “pétard”.

Un autre temple...
Un autre temple…

La soirée se passa de la même manière que la journée, sauf que là, je sorti mon whisky, duquel le propriétaire du Sleepy Gecko, un viel anglais marié à une Vietnamienne (beaucoup plus jeune) réclama plusieurs verres sous le prétexte du “corkage fee”. C’était un Ballantine’s 12 ans que j’avait acheté à l’aéroport, son préféré semblait-ils. En effet je l’appréciait moi aussi de plus en plus, même si pour ma part je préfère les Single Malts bien fumés et boisés, ceux qui donnent l’impression que l’on “chique de l’herbe” pour reprendre une expression de mon cousin. Théodore, un autre français, lui parcourant le Vietnam à moto était de la partie avec de belles histoires de réveil en camping par une bande de Viets armés de machettes désireux de lui soutirer sa moto et son matériel ainsi que de blessures de moto particulièrement hideuses. Porter des pantalons longs en moto? C’est effectivement une bonne idée. Théodore, habitué à conduire ces machines en France le savait très bien sauf que là, jouant de malchance, il portait des shorts et sur un cour trajet s’est brûlé l’intérieur du mollet sur son pot d’échappement. Deux jours plus tard, lors d’une perte de contrôle dans laquelle il était complétement habillé, la friction du tissu contre sa brûlure qui devait être au deuxième degré a arraché une bonne couche de la peau déjà très affaiblie. Ouch.

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Le matin suivant, Jaclyn nous quitta sur le dos de la moto de Théodore. Dans l’après-midi et après avoir réservé une plongée pour le lendemain, Yom, Yves-Étienne et moi louèrent des vélos pour aller explorer les alentours d’Hoi An. De rustiques villages de pêcheurs, des rizières, le trajet vers la plage a été d’une réelle beauté. Une fois sur la côte par contre, nous avons retrouvés nos amis Russes et leurs beaux gros hôtels. Les gardes de sécurité sur place voulaient nous charger 5000 dongs par tête pour garer nos vélos, car il était interdit de les avoir avec nous sur la plage. J’ai déplacé le mien un peu plus loin, mais ces derniers me suivirent avec un cadenas, me menaçant d’une amende pour le débarrer. J’ai alors fait une scène à mes compagnons pour que nous nous déplaçions vers une longeur de plage moins développée. Eux visiblement n’étaient pas dérangés par la perspective de payer 25 cent de stationnement, mais moi par principe, je refusait.

Champs aux abords de la ville
Champs aux abords de la ville

Nous sommes alors allés un peu plus loin sur la route et après une courte reconnaissance, nous avons trouvé une section de plage déserte. Un peu plus tard, un groupe pêcheurs est arrivé et nous ont demandé de l’aide pour mettre à flot leur barque qui devait les ammener à leur bateau amarré non loin du rivage. Nous avions vu plusieurs de ces barques parfaitement ronde faites de bambou tressée depuis notre arrivée sur la côte et nous nous demandions comment les Vietnamiens s’y prenaient pour les contrôler avec une seule rame et cette fois ci, nous avons eu notre réponse: en faisant des huits. Nous avons repris la route vers Hoi An et une fois en ville, j’ai aperçu un homme à moto arborant le logo d’Easy-Riders, une compagnie pan-Vietnamienne offrant des tours de moto dans le pays. Comme nous considérions nous rendre jusqu’à notre prochaine destination de cette manière, je suis allé me renseigner auprès de l’homme pour connaître les prix et son offre a été plutôt intéressante: 90$ pour trois machines et lui comme guide jusqu’à Hué. En en discutant avec mes compagnons, je vis qu’eux aussi étaient chauds à l’idée d’une petite aventure à deux roues. Après un dîner de bouffe de rue, moi et le proprio avons mis fin à l’existence de la bouteille de whisky. Soirée tranquille, car il fallait se lever tôt le lendemain pour aller plonger.

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Prêt a plonger
Prêt a plonger

La navette nous a ramassé Yves-Étienne et moi à l’heure prévue et bientôt, nous étions sur le bateau de la compagnie en route vers le parc aquatique. Comme mon ami devait faire une plongée de découverte, il a été rapidement pris à part par un instructeur tandis que j’ai été assigné à du matériel et ai reçu le briefing pour la première plongée. L’eau devait être à 21c, c’est à dire froide. Vu que mon ordinateur de plongée avait décidé de ne plus fonctionner par manque de batterie, je n’ai jamais eu la température exacte, mais après une courte demi-heure sous-l’eau, j’ai perdu la sensation de mes mains et avec cette dernière toute forme de dextérité. La visibilité n’était pas excellente et autour de nous, il n’y avait pas grand chose à voir si ce n’était qu’une certaine variété d’étoiles de mer et des coraux qui m’étaient inconnus. Vers la fin de la plongée, nous avons croisé le groupe de plongeurs de découverte et malgré mes tentatives d’aller saluer Yves-Étienne, ce dernier ne m’a pas aperçu, probablement trop subjugué par cette nouvelle expérience.

DSC00218Une fois de retour à bord du bateau, mon ami m’informa moi et le personnel qu’il n’allait pas faire sa deuxième plongée en raison d’une douleur persistante à une oreille. Dommage, mais ce n’est pas vraiment plus mal. Je considère toute forme de plongée une expérience passionante et celle-ci n’y faisait pas exception, mais sur mon échelle personelle, c’était un deux sur dix. Principalement par la faute de la visibilité et de la température. Vu que j’étais sorti de l’eau complètement frigorifié, j’ai fait mon possible pour me réchauffer, car l’intervalle de surface allait être court. Par chance, on m’a trouvé une combinaison de torse avec un capuchon intégré. La deuxième fois sous l’eau a été une expérience beaucoup plus plaisante, de un parce que le capuchon – même si trop grand et me causant des problèmes de flottabilité en raison des bulles qui s’y logeaient – a beaucoup aidé et parce que nous avons fait la rencontre de quelques animaux hors du commun. Notamment un poisson lion d’un type que je n’avais jamais vu, des étoiles de mer “couronne d’épines” en abondance, un poisson pierre et le dernier et non le moindre, une seiche que j’aurais adoré observer plus longtemps. Une fois revenus à la surface, le bateau nous a emmené à une plage sur l’île avoisinant où nous avons déjeuner à un restaurant de fruits de mer et où nous nous sommes ensuite prélassés quelques temps avant le retour au port.

Sur la plage
Sur la plage

La plongée fut une affaire d’une journée entière avec le repas inclus, pas mal pour 80$. En en discutant sur la bateau, Yves-Étienne était excité par l’idée d’aller en moto à Hué (Yom aussi) alors une fois à l’auberge, nous avons fait appelé Mr. Than, l’homme d’Easy-Riders pour organiser la journée du lendemain. Une fois sur place, il m’a fait savoir que le prix estimé d’hier était trop bas et a augmenté son offre à 130$, ce qui restait une très bonne

Marché de Hoi An
Marché de Hoi An

affaire compte tenu de la prestation. Le tout nous semblait en règle d’autant plus que son offre cadrait avec ce qu’il y avait sur son site web. La seule accroche était son anglais, qu’il prétendait maîtriser parfaitement, mais qu’en réalité il ne parlait presque pas. Une fois entendus sur l’heure de départ avec notre guide, nous sommes allés en ville pour un autre dîner de bouffe de rue et un petit tour au “dive bar”, débit de boissons affilié au club de plongée. Après la shisha, Yom rentra tandis qu’Yves-Étienne et moi avons migré vers un autre endroit histoire de donner une chance au nightlife d’Hoi An. Il y avait du potentiel, mais nous devions partir tôt le lendemain alors après quelques autres bières, ce fut l’heure d’aller nous coucher.

Photos: Yves-Étienne Landry