Pokhara est une ville moyenne de région et bonne base de départ pour les treks dans la région de l’Annapurna. Elle possède tout de même un certain charme et une atmosphère beaucoup plus relax que la capitale et vaut donc la peine que l’on s’y attarde un peu. Capitale qui d’ailleurs n’est pas très loin à vol d’oiseau : 200 kilomètres au plus. Toutefois, la route est si sinueuse qu’il faut 8 heures pour faire le trajet en autobus. Les népalais et d’autres touristes vous dirons que la chaussée est dans un état désastreux, mais en toute franchise, par rapport à l’Asie Centrale, on est encore dans le pavage de qualité. Ce qui frappe par contre (littéralement) c’est la dangerosité de la conduite. D’ailleurs, nous avons croisé un accident à la mi chemin qui avait fait chuter l’un des véhicule impliqué dans la rivière en contrebas, clamant au passage la vie de ses occupants.
Katmandou (1), Népal
Le Népal, un endroit qui allait certainement avoir de quoi nous changer de l’Asie Centrale et faire la transition vers l’Inde. En plus, nous allions y rencontrer ma mère et ma tante, toutes deux très excitées de pouvoir partager ce bout d’aventure avec nous. L’aéroport de Katmandou, petit et vétuste, s’est traversé sans trop d’efforts et après une demi-heure de taxi, nous étions à l’hôtel près de Thamel, le ghetto de touristes. Anxieux d’aller découvrir cette nouvelle ville, nous sommes aussitôt ressortis pour aller manger et prendre un verre en attendant ma mère et ma tante. Nous les avons rencontrées dès leur arrivée. Bien que fatiguées de leur voyage, elles ont tenu à ce que nous allions boire une bière afin de faire le bilan sur ces mois d’absence de ma part.
Audrey et moi n’avions fait aucun devoirs sur le Népal. À la fois par paresse, à la fois car nous voulions laisser l’opportunité à nos deux visiteuses d’organiser un voyage plus à leur convenance qu’à la nôtre. Après tant de mois d’organisation serrée, cela nous faisait grand plaisir de simplement nous décharger de ce fardeau. Nous n’avions en fait qu’une priorité à Katmandou : le visa indien. Encore des foutues histoires de visa vous allez dire? Non, celui là était plutôt simple, (en comparaison avec l’Asie-Centrale), mais il nous a quand même fallu nous rendre à l’ambassade le lendemain pour confirmer de l’information un peu contradictoire. Pour le reste de la journée, nous nous sommes contentés de nous balader dans la ville. Katmandou n’a rien de commun avec les capitales au look soviétique visitées jusqu’à présent. Ces dernières paraissent des plus organisées et propres face au chaos de poussière et de motos de la capitale népalaise. Par contre, Katmandou possède définitivement une âme et émane d’un charme définitif. Je n’en dirais pas autant de nos autres comparatifs, qui semblent davantage calculées et impersonnelles. Partout, de la couleur, des temples, des autels, de la musique, des odeurs, de la lumière; la ville fourmille d’activité: on ne sait littéralement plus où poser le regard. Enfin si, sur la route, car le trafic de motocyclette y est intense et les rues, en partie non pavées, laissent parfois à peine passer une voiture, mais les népalais trouveront le moyen de rajouter deux motos et quatre piétons en plus.
En dépit de tout ce chaos, nous première heures dans la ville se passaient de manière plutôt relaxe, mais l’aventure n’est jamais très loin. Alors que ma mère et ma tante réglaient leur note au restaurant où nous avions soupé, Audrey et sommes sortis pour les attendre devant. Pendant que je discutais avec un népalais qui tentait de ne vendre de l’opium, Audrey s’est éloignée pour aller investiguer une altercation dans la rue. Lorsqu’elle s’est rendu compte que c’était en fait un cas de violence verbale entre un homme et une femme, elle m’a crié de venir la joindre. Au loin, je l’ai vu s’emparer de la femme qu’elle a ramené vers le restaurant. L’homme, un peu médusé par la situation, s’est mis à les suivre, répétant qu’il se connaissent. Je me suis alors interposé entre lui et les filles, lui expliquant que son amie ne voulait manifestement plus de sa compagnie pour la soirée, qu’il devait partir chez lui et qu’elle le rappellerait demain si elle le désirait. La jeune femme, visiblement ébranlée, nous a rapidement mis au diapason de ce qui s’était passé, les larmes aux yeux. Elle était européenne, il était népalais, ils étaient mariés depuis quelques mois, il était alcoolique, il devenait violent lorsqu’il tombait dans la bouteille. Ok, elle avait besoin d’aide. Audrey lui a proposé de l’escorter à notre hôtel pour qu’elle se prenne une chambre, chose qu’elle a accepté.
Tout au long du trajet et jusqu’à tard dans la soirée, Audrey, en mode intervention, a fait jouer toute son expérience afin de faire comprendre à cette femme qu’elle valait mieux que ça, qu’elle devait s’extirper de cette relation et ce non pas sans tendre une oreille attentive et pleine de compassion envers les paroles de cette jeune femme. Pour ma part, j’ajoutais des commentaires ici et là, mais je n’ai surtout été que spectateur. Au final, nous sommes possiblement parvenus à faire faire un bon bout de chemin à cette victime. Étonnant pour une thérapie entamée à minuit? Vous auriez dû voir le travail de maître qu’a exécuté Audrey. L’histoire n’est d’ailleurs pas terminée au moment où j’écris ces lignes. Oui, la jeune femme est retournée auprès de son mari, mais non pas sans nous donner ses coordonnées pour qu’on lui apporte conseil. Les népalais ont beau être un peuple a la réputation chaleureuse, ils sont extrêmement réticents à intervenir dans ce genre de situation et il n’existe littéralement aucune ressources pour les victimes de violence conjugale.
La nuit a été courte, car après l’intervention, il nous fallait encore remplir notre demande de visa en ligne et nous lever tôt pour aller la porter au bureau de l’ambassade. Heureusement, le tout s’est déroulé sans encombres. Tout de même, nous sommes revenus trop tard à l’hôtel pour faire la sieste et avons dû enchaîné avec la visite de l’après-midi : Pashupatinath. Ceux qui ont visité l’Inde connaissent certainement Varanasi. Et bien Pashupatinath en est l’équivalent népalais. Un complexe de temples hindous où les croyants viennent faire foi de spiritualité et … incinérer leurs morts pour ensuite disperser leurs cendres dans une rivière sacrée. Arrivés sur le site, ce n’était pas le potentiel de visite qui manquait.
Certaines parties du complexe étaient interdites aux non hindous, mais la plupart des sites nous étaient ouverts. Partout des singes, des népalais en train d’exécuter de petits rituels, des sâdhus, sortes de moines ascètes, gardiens des temples et au bord de l’eau des bûchers et construction et d’autres en combustion. L’odeur de chair brûlée emplissait l’air et le moment était solonel mais d’une beauté qui n’a simplement pas son égal par chez nous. Alors que la nuit était tombée, nous avons assisté à une cérémonie hindoue puis sommes retournés en ville pour souper. Nous étions tous d’avis qu’il aurait fallu passer davantage de temps dans cet endroit envoûtant.
Le lendemain, il fallait être debout tôt car nous quittions pour Pokhara. Katmandou avait bien plus à offrir que ce que nous avions vus dans nos deux petits jours de visite, mais nous allions y revenir à la fin de notre séjour au Népal.