Rajaride, jour 4 – Gomat à Jaisalmer, puis les dunes de sables

  • Date: 1 mars 2018
  • Départ: 10h00
  • Arrivée: 13h30
  • Température: soleil
Cliquez pour plus de détails

Toute petite journée d’une centaine de kilomètres avant d’arriver à Jaisalmer,  surnommée la Golden City. Pas grand chose à rapporter si ce n’est que la trouvaille d’un magnifique monument près de notre point de départ. Outre son nom de cénotaphe royal, aucune information sur le lieu, qui d’ailleurs était laissé à l’abandon. Apparemment, les familles royales du Rajasthan se sont construites nombres de ces monuments pour honorer la mémoire des leurs. J’ai lui ai consacré un petit article Wikipedia histoire d’immortaliser l’endroit.

Du reste, nous nous sommes rendus sans embûches à Jaisalmer, notre destination la plus à l’ouest du Rajasthan. En plus, il nous restait quelques heures de la journée pour aller explorer les dunes de sable non loin.  De retour sur la moto, nous sommes arrêtés à la sortie de la ville dans un petit resto de bord de route afin de tenter de retrouver l’excellente cuisine dégustée la veille. Échec, il a fallu 1h15 pour être servi et le repas s’est avéré très décevant. La route jusqu’aux dunes, en très bon état, s’est complétée en un temps record. Arrivés sur place par contre, nous avons pu constater avec amusement à quel point l’endroit était devenu un parc d’attraction. Les dunes étaient minuscules, des centaines de chameaux poireautaient sur le bord de la route et de l’autre côté des immenses complexes de tentes (certaines climatisées) qu’on essayait de faire passer pour du “camping dans le désert”. En traversant ce cirque à moto, on a tenter de nous haranguer plusieurs fois, se jetant même devant nos motos. C’était vain, car nous sommes passés maîtres dans l’évitement d’animaux sur la route.

Passé ce bordel, nous avons poursuivi la route pour tenter de trouver une dune un peu plus tranquille, mais sans succès. En revenant sur nos pas, nous avons effectués un court arrêt le plus loin possible de la cohue pour marcher un peu dans la dune, mais il n’a fallu que quelques secondes avant que nous soyons repérés et que quelques Indiens courent vers nous pour tenter de nous vendre un tour de chameau. Le chemin du retour, de toute beauté car sous le soleil couchant, nous a ramené jusqu’à Jaisalmer à la noirceur. Un peu plus tard, nous avons retrouvé un autre Québécois rencontré à Udaipur pour une repas puis un verre. Pause de moto pour les deux prochains jours.

Rajaride, jour 3 – Bikaner à Gomat

  • Date: 28 février 2018
  • Départ: 10h00
  • Arrivée: 19h00
  • Température: soleil et nuages
Cliquez pour plus de détails

Dès la planification de notre aventure à moto, j’avais identifié ce tronçon de route longeant la frontière pakistanaise et qui évitait l’autoroute Bikaner – Jaisalmer. Vue l’éloignement de l’endroit, la qualité de la chaussée était hautement incertaine, mais nous allions tout de même tenter notre chance, quitte à rebrousser chemin.  Bikaner derrière, nous avons bifurqué sur cette route mineure, un peu défoncée par endroit, mais somme toute acceptable. Arrêtés sur le bord de la route afin de confirmer notre position sur le GPS, des Indiens s’arrêtent pour des selfies  et nous questionnent évidemment sur notre destination. Oui, nous allions à Jaisalmer, mais impossible de leur faire comprendre que nous tenions à emprunter cette route et non l’autoroute…

Petits villages de maisons de terre cuite après petit village, le paysage déjà désertique est progressivement devenu plus aride. À l’approche de l’embranchement pour ladite route, le décor est redevenu vert; curieux. En fait, la région était quadrillée de canaux d’irrigation qui permettaient à la petite paysannerie locale d’y cultiver une subsistance. Pourquoi en plein milieu du désert et si loin de tout? Probablement en raison de la proximité avec le Pakistan. Vu l’importance stratégique de la région, le gouvernement indien l’a peuplée de manière à y asseoir sa souveraineté et ainsi établir un coussin de zones habitées entre son ennemi (les deux pays ne s’entendent vraiment pas bien). À cet effet, j’avais aussi émis l’hypothèse que malgré l’éloignement, la route allait être bien entretenue. Je ne m’étais trompé, plusieurs panneaux indiquaient comme quoi c’était l’armée qui était en charge de la voirie dans les parages.

Un canal d’irrigation.
Le meilleur repas de l’Inde!

À notre plus grand bonheur donc, la route était parfaite, vide et bucolique. Parfois, nous pouvions y circuler une bonne dizaine de minutes sans croiser âme qui vive. Les gens, extrêmement curieux de notre improbable présence dans leur région, ne manquaient pas de nous dévisager à chaque passage. Nous avons aussi pu y déguster le meilleur repas (selon moi) mangé jusqu’à ce jour en Inde. Des rotis cuits devant nous au feu de bois, un curry de plante succulente locale (ker sangri), un autre de tomates et d’oignons, le tout servi avec un bouillon à base de yogourt de chèvre (probablement du gatta curry). Alors que nous en étions arriver à l’intersection où il nous fallait rejoindre l’autoroute, la police nous intercepte à un barrage et nous informe qu’il nous fallait un permis pour circuler dans cette région frontalière (fréquent en Inde). Ces derniers nous indiquent ensuite de prendre le chemin vers lequel nous nous dirigions de toute manière.

Ils ont même construits des centrales hydroélectriques.
Nos compagnons de route…

Il nous a quand même fallu plus d’une heure pour rejoindre l’autoroute. Autour de nous, les ombres s’étiraient et le paysage aride prenait graduellement ses couleurs dorées du coucher de soleil. Pour en avoir été témoin à de nombreuses reprises, c’est vraiment à la lumière tombante que le désert prend toute sa beauté. Une fois sur l’autoroute, nous nous sommes arrêtés pour la nuit dans un hôtel en bordure, content que notre petite excursion se soit si bien déroulée. Une journée de moto parfaite.

Retour vers l’autoroute.

Rajaride, jour 2 – Sikar à Bikaner

  • Date: 27 février 2018
  • Départ: 10h30
  • Arrivée: 16h00
  • Température: soleil
Cliquez pour plus de détails

La journée qui s’annonçait allait être des plus faciles, quoique j’avais quelques craintes face à la route que nous nous apprêtions à prendre, soit une autoroute 2 voies et le lien majeur entre Bikaner, 2e ville de l’état et Jaipur, la capitale. Tout compte fait, la circulation n’était vraiment pas si dense. Tranquillement, profitant du paysage, nous nous sommes rendus à destination sans encombres, croisant encore et encore de petites bourgades indiennes (et des plus grosses). Fait d’importance, le grand retour des chameaux dans la faune domestique.

Une fois a Bikaner, il nous restait suffisamment de temps pour faire un tour de la ville. C’est par le fort/palais que nous avons débuté, car c’était l’attraction principale de la ville. Sans en visiter l’intérieur, nous en avons tout de même fait un bon tour d’extérieur. Par la suite, c’est vers la vielle ville que nous avons poursuivi. L’heure de pointe battait son plein, car la circulation était absolument intense. Après nous être promenés une petite heure dans ce capharnaüm, le temps était venu de retourner à l’auberge, sauf que nous allions le faire par les petites rues de la vielle Bikaner.

Déjà depuis notre arrivée les citadins s’étaient montrés plus avenants dans leurs hellos que la moyenne indienne. Parmi les petites ruelles, on a atteint des records, surtout de la part des enfants, qui à quelques reprises s’accrochaient littéralement à nous pour nous faire la discussion. Devant notre réticence à jouer, on en est même venu à nous lancer des ordures et aux insultes. Drôle de progression quand même. Les adultes sont quant à eux restés très respectueux. Cela n’a pas empêché de rendre l’aventure éreintante. Un hello et un peu de conversation, ça va. À chaque trente secondes (je n’exagère même pas), ça pompe l’énergie.

Ça se prépare pour Holi (la fête des couleurs)

Devant une bière dans un bar, nous avons pu nous remettre de nos émotions sans pour autant cesser d’être le centre de l’attention. J’ai maintenant beaucoup de compassion pour les gens célèbres. Du reste, Bikaner était quand même plutôt intéressante – sa vielle ville, un vrai dédale de rues que nous aurions aimé explorer davantage (de jour, pendant que les enfants sont à l’école); peut-être flâner dans ses nombreux parcs, admirer ses monuments… Le propriétaire de notre auberge était déçu de nous voir repartir après une seule nuit. Seulement, la fête d’Holi approchait (le plus gros festival de l’Inde) et nous avions donné rendez-vous à deux autres Québécois à Jaisalmer pour la passer avec eux. Malheureusement, il allait nous falloir deux jours pour nous y rendre de Bikaner.

Rajaride, jour 1 – Jaipur à Sikar

  • Date: 26 février 2018
  • Départ: 12h30
  • Arrivée: 19h00
  • Température: soleil
Cliquez pour plus de détails

D’Udaipur, il nous a fallu un bon 10 heures d’autobus pour rejoindre Jaipur, la capitale du Rajasthan. Autant dire que l’entreprise a demandé toute la journée (j’en ai passé une bonne partie à m’entretenir avec mon voisin de banc) et ce n’est que vers 22h30 que nous sommes finalement arrivés à l’hôtel pour la nuit. Le lendemain, nous avions rendez-vous en matinée à l’agence de location, donc pas le temps de faire les touristes; c’est au retour que nous comptions visiter Jaipur.

Nos deux motos en notre possession, des Bajaj CT100, nous n’avons pas quitté la ville immédiatement. Histoire de se refaire la main à la conduite de deux-roues motorisées, nous avons passé un moment à circuler dans les environs. Audrey était plutôt angoissée à l’idée de se lancer dans le traffic d’une ville majeure de l’Inde, c’est compréhensible. Une heure plus tard, elle avait suffisamment gagné en confiance pour entamer le trajet du jour. Pour ma part, il a fallu que je m’habitue à l’absence de démarreur électrique et au passage de vitesse non conventionnel (N1234) où il fallait pousser la pédale pour incrémenter. La seule connerie du départ, c’est moi qui l’ait commise en déposant la moto chargée sur sa béquille latérale. Cinq secondes plus tard, j’entend une femme indienne  qui passait pousser un cri. Le poids des bagages sur la selle arrière a fait chuter la moto. Constat des dégâts: des égratignures et un clignotant décroché. Rien de grave.

Moto prête au grand départ

La sortie de la ville a demandé un certain temps, mais heureusement, tout s’est bien passé. Aurions nous pu nous faire mal? Pas vraiment. Je le répète, les villes indiennes ont beau être chaotiques, les gens ne roulent pas vite. Le risque principal à mon avis était celui d’un accrochage mineur ou une chute. Bref, un quelconque événement qui aurait pu ébranler la confiance de ma compagnonne de route et mettre à mal le voyage à venir. Disons-le, j’ai beaucoup plus d’expérience qu’elle,qui doit encore passer son examen pratique de moto à la SAAQ. À la fin du voyage par contre, toutes ces heures de conduite (en Inde!) l’auront préparé comme jamais.

Nous comptions emprunter la route majeure vers Bikaner, mais une petite erreur de navigation nous a fait foncer droit vers la campagne. Tant pis et de toute manière, rouler sur ces routes allait être bien plus agréable que de suivre le gros du trafic sur une voie majeure. Au fil de l’après-midi donc, nous avons passés maints petits villages et forts perchés sur les collines, évité des vaches, des chiens, des cochons (tout nouveaux venus de la faune urbaine indienne), des chèvres et des humains. Évidemment, nous nous sommes faits arrêter pour quelques selfies. Le Rajasthan est aride, sablonneux et rocailleurs. Pourtant,  on y retrouve quelques champs et donc de la petite paysannerie entre les villes. Autrement, la qualité de la route était généralement bonne et la conduite des plus agréables. Vers la fin de la journée, Audrey était au top et avait visiblement gagnée plusieurs crans d’assurance.

Séance de selfies en bord de route

La nuit venait de tomber lorsque nous avons atteint Sikar, agglomération à mi-chemin entre Bikaner et Jaipur. Histoire de s’éviter tout le trouble d’entrer en ville de soir et d’y trouver un hôtel, nous nous sommes simplement arrêtés dans un établissement de bord d’autoroute (très communs en Inde). Là, nous avons pu y dîner et prendre quelques bières (récupérées au bar d’à côté, la plupart des restaurants en Inde ne servent pas d’alcool) afin de clôturer une journée pleine de défis, mais qui n’aurait pas pu mieux se passer.

C’est parti!

Rajaride (tour du Rajasthan à moto) – Introduction

Y’en a quand même marre à la fin du backpacking sur la route touristique. On voit des villes, oui, mais tout ce qui se situe entre, on le manque. Pour bien explorer un endroit, il faut ses propres roues. Ainsi, on se perd, on visite des coins inusités, on fait des belles rencontres, on voit du pays. Notre fantastique Golf a rempli ce rôle à merveille en Asie Centrale; après quelques mois de sac-à-dos, ça me démangeait de reprendre la route … et de faire vivre l’expérience à Audrey. Grand fan de moto et de road-trips, je tente de conjuguer ces deux passions dans tous mes voyages à long terme. En 2012, c’était l’Europe, en 2014, la Thaïlande et le Viet Nam, en 2015, la Grèce et aujourd’hui, le Rajasthan en Inde. Contrée des mille et une nuits, le Rajasthan est comparativement peu peuplé et recèle de nombreuses attractions. C’était donc un bon candidat pour un trip de moto, d’autant plus que nous allions y passer presque un mois en raison du coup de foudre qu’Audrey a eu pour cet état. En ce qui concerne la conduite, les Indiens sont évidemment complètement malades et c’est le chaos total dans les villes; nous en avions eu un avant goût à Pondichéry. Heureusement, ils ne roulent pas vite. Du reste, nous nous adapterons, quitte à subir un déluge de klaxons.

Cliquez pour plus de détails…

Idéalement, l’Inde se visite à moto. Les routes y sont en bon état, les motos peu chères et les barrières administrative inexistantes (le permis moto n’existe pas en Inde). La plupart des touristes choisissent de faire le périple en Royal Enfield, moto 350cc iconique de l’Inde. Sur le marché usagé, elles s’échangent entre étrangers pour environ 1000$. Vu que nous disposions d’environ deux semaines, tout le tracas de trouver des Enfields, de les acheter et de les revendre n’en valait pas la peine. Au niveau location, on parlait de minimum 15$ par jour. C’est donc vers le moins cher du moins cher que nous nous sommes tournés, deux Bajaj CT100. Pour 18 jours, il nous en coûté … 54$ de location. En plus, elles ne consomment que 78 km au litre; ça l’allait donc être léger sur les roupies. Avec ses 100cc, ses quatre vitesses et son prix à l’achat des plus modiques, la Bajaj CT100 est réellement la moto du peuple indien. Elle est livrée avec un porte bagage, un porte madame (une marche permettant aux dames en sari de s’asseoir de biais sur la moto) et un large siège pouvant loger quatre-indiens de manière très inconfortable. Question construction, il serait difficile de faire un produit de moindre qualité. Par chance, les nôtres sont quasiment neuves. Autrement, c’est une petite moto, légère, facile d’entretien. Bref, le deux roues parfait pour un petit tour en Inde.

Pourquoi Rajaride? Je donne toujours des titres à ce genre d’aventure. Cette fois, c’est la concaténation de Rajasthan et de ride (verbe anglais voulant dire promenade).

Moto prête au grand départ