Aruba

La reprise des voyage semble être une bonne raison pour renouer avec ce blogue qui je dois l’avouer, a été un peu négligé ces dernières années. La Covid en est la raison principale, mais une résidence en médecine de famille et la maladie de ma conjointe ont contribués à l’abandon temporaire de ce petit espace du web où sont racontés mes aventures qui sortent un peu de l’ordinaire. Les deux dernières années n’ont pas tout à fait été exempte de périples par contre, mais une petite semaine à Vancouver ou quelques jours à Boston ne font pas des récits très palpitants ni inspirants.

Voilà donc un court résumé d’une semaine passée fin août – début septembre à Aruba, une petite île des Caraïbes au large du Venezuela peu connue des Canadiens, mais très populaire chez nos voisins du Sud et leurs comparses des Pays Bas.

Panorama de la page

Commençons par le début donc car en fait nous n’étions pas supposés aller à Aruba. Nous devions aller en Italie. La botte n’est pas un pays que j’affectionne particulièrement, mais la présence à Rome d’un bon ami et le besoin d’y aller un peu doucement pour Audrey qui récupère de graves ennuis de santé justifiait l’endroit. Après quelques jours dans la capitale, elle voulait faire la côte Amalfitaine à pied. Rien de trop extravagant mais cela s’annonçait fort agréable.

Le centre ville
Le centre-ville

Malheureusement à la mi-juillet, Audrey s’est cassée la cheville. Un bête accident qui n’impliquait aucun autre sport extrême que celui de descendre une marche de patio. La cassure de sa malléole externe était franche et non déplacée. Deux semaines d’immobilisation puis quatre semaines d’une attelle avec marche selon tolérance allait suffire à guérir la fracture. Guérir certes, mais avant qu’elle ne retrouve sont niveau de fonctionnement antérieur, il allait falloir des mois. On ne passe pas d’une cheville cassée à trente kilomètres de marche quotidienne en six semaines.

Il allait donc falloir changer les plans. Voilà que nous est venue l’idée de reporter notre voyage en Italie et plutôt d’y aller en mode hôtel tout inclus. Une jambe en convalescence, c’est une bonne raison d’aller asseoir son cul sur une plage et tendre le bras pour attraper son pina colada. J’allais même pouvoir inviter ma belle-mère pour fêter sa retraite et ses soixante ans.

Panoram
Panorama de l’île depuis le Hooidberg
Escalier Hooidberg
Descente des escaliers menant au sommet du Hooidberg

Si l’on avait été en hiver, l’offre aurait abondé, mais une fois toutes les destinations soleil passées au travers de nos critères, soit l’exotisme (donc pas Cuba, pas le Mexique, …), la belle température (on est en début de saison des ouragans), les prix raisonnables (Fidji ou les Maldives, c’est cher) il ne restait que … Aruba.

Ancienne colonie hollandaise, Aruba ainsi que ses deux copines (Curaçao et Bonaire) jouissent encore de liens serrés avec les Pays-Bas. À un jet de Pierre du Venezuela, le climat de ces îles n’est pas celui des Caraïbes où la jungle règne en maître. Sur Aruba, ce sont les cactus (et les resorts) qui dominent un paysage tout à fait désertique. Conséquemment, l’endroit est épargné par les pluies de la saison des ouragans et reste ensoleillé pour le plus clair de l’année.

Comme de fait, la météo était bien pourrie partout ailleurs dans la région. Vu le prix que nous a coûté nos billets, nous n’étions manifestement pas les seuls à s’être jetés sur l’endroit. C’est dommage pour la belle-mère d’ailleurs, mais à trois fois le prix d’un typique voyage dans le sud, on allait la gâter autrement.

Aruba, île la plus riche de cette partie du globe, jouit d’un niveau de vie assez élevé. Considérant que les prix sur place dépassaient ceux du Canada pour approximer ceux du vieux continent, nous avons été rapidement confortés dans l’argent que nous avions déboursés pour nous y rendre. La nourriture est bonne, le service est excellent, la relation avec les habitants n’est pas uniquement mercantile, l’environnement est étonnamment propre et les infrastructures de plutôt bonne qualité.

Raffinerie
Auparavant Aruba tirait principalement ses revenus du pétrole

La dernière fois que j’avais mis les pieds dans un tout-inclus, c’était à Cuba il y a 11 ans. L’expérience fut somme toute assez similaire. Vu le prix, la qualité des individus qui fréquentent l’île semblait être légèrement supérieure, mais tout comme ailleurs dans les destinations soleil, la majorité des touristes sont largement au dessus de leur poids santé, viennent en petites bandes pour ne rien faire d’autre que boire, se goinfrer et se dorer la pilule. Pour cette fois, nous étions des leurs.

Avec une chambre donnant directement sur la mer, Audrey s’est largement exposée aux rayons UV, au sable et à l’eau salée. Pour ma part, j’en ai profité pour aller plonger. Les récifs étaient moyens, mais la visite d’un cargo coulé lors de la deuxième guerre et de deux épaves d’avions ont largement valu le voyage.

En Jeep

Un après-midi, je suis monté vers le nord avec comme objectif de marcher l’entièreté de l’imposante succession d’hôtels et de resorts jusqu’à sa fin. Le surlendemain, j’ai marché jusqu’à la capitale Orangestad, pour tenter de prendre le pouls d’une île qui ne vit que pour le tourisme. Ce que l’on pourrait appeler un centre-ville est entièrement occupé par des commerces dédiés aux multiples bateaux de croisière qui font escale plusieurs fois par semaine. En périphérie, il semblait y avoir un peu de vie authentique.

Est de l’île
L’est de l’île est beaucoup plus rocailleux

Est de l’îleIl a fallu louer une voiture pour aller voir la vraie Aruba. Malgré tout, c’est petit. À peine longue de vingt kilomètres, on la parcours du nord au sud en une petite journée. Sa côte est, beaucoup plus accidentée et moins développée, se visite en Jeep. Oui, il a fallu allonger beaucoup de dollars, mais je dois avouer que j’ai eu un bon plaisir à me promener en gros pneus dans les roches et les chemins défoncés.

En plongée à ArubaBref, mes journées étaient souvent occupées par la plongée et la marche et j’allais rejoindre Audrey plus tard en fin d’après-midi pour me refroidir dans la mer un verre à la main. Nos repas du soir étaient pris dans les similis restaurants offerts par notre resort (et celui voisin auquel nous avions 100% accès). Bien repus, la journée était conclue dans les divers bars de l’endroit.

Rien de très palpitant, mais quand même relaxant je dois avouer. La vie devient pour une semaine toute simple. Pas de cassage de tête, chacun fait ce qu’il veut et il y a à portée pour satisfaire toutes les envies et les appétits.

Centre de l’île
Le centre de l’île. Effectivement, c’est désertique.

J’avais également oublié à quel point les opportunités de « people watching abondaient en ces murs. Les gens y sont caricaturaux et tout particulièrement nos amis américains. Le spécimen du cinquantenaire bedonnant arborant un t-shirt à l’effigie du drapeau de son pays est fréquemment rencontré. Tout comme la madame banlieusarde au visage botoxé, tartinée de maquillage et bardée de breloques. Mention spéciale à un monsieur moustachu avec des tresses dans les cheveux, une manucure française que l’on croisait fréquemment. Fine bouche comme il est, ses repas du midi consistaient en un gros morceau de rôti maigre avec pour l’accompagner deux hot-dogs nature (pain, saucisse et ah oui, du sel et du poivre).

Adieu donc, Aruba. Nous sommes très heureux de t’avoir rencontrée en ces temps d’ouragans et de cheville cassée, mais je ne pense pas que l’on se recroise à nouveau.

Dans une caverne

Colombo, Sri Lanka

Normalement, on ne fait que passer à Colombo, capitale du Sri Lanka. La ville est énorme, congestionnée et sans attraits. Or, étant le port principal du pays, elle est le siège d’un énorme traffic maritime et qui dit navires dit épaves. Dans tout le Sri Lanka, c’est à Colombo qu’elles sont les plus nombreuses et les plus belles. J’aurais dû m’en douter, mais n’étant pas habitué à la plongée au large de capitales, j’ai appris l’information trop tard. Avoir su, je me serais donné un jour ou deux supplémentaires mais bon, j’étais quand même parvenu à m’y sécuriser une matinée de plongée.

La veille et le jour de notre arrivée dans la capitale, nous avons début notre programme de visite par un petit trajet en train pour atteindre le centre, car notre auberge était localisée plutôt en banlieue. À la gare, la circulation ferroviaire avait du retard: un malheureux s’était fait frapper par la locomotive 200 mètres en avant. Ce genre de collision ne pardonnant pas, c’est sur une civière couvert d’un drap blanc taché de sang que le personnel de la gare à ramené le corps dans la station. Le tout s’est fait sans cérémonie et surtout sans le concours des autorités. En conversant avec un Cinghalais, celui-ci nous a appris que c’était chose commune en raison de la proximité entre la voie ferrée et les bidonvilles installés à sa lisière. Bientôt, la circulation avait reprise et c’est sans encombres autres que l’extrême proximité avec les passagers du train surchargé que nous avons pu rejoindre le centre-ville. Comme à l’habitude, le plan était de regagner l’hostel à pied.

Colombo n’est en fait pas si inintéressante que ça. Il y cohabite plusieurs cultures parmi un mélange de modernité et d’architecture coloniale et contrairement à l’Inde, les trottoirs y sont praticables. À l’image du reste du Sri Lanka par contre, Colombo est en pleine explosion. Le capital chinois coule à flot et le littoral du centre-ville est en train de se bâtir à un rythme ahurissant. Pas seulement la côte d’ailleurs, l’ingénierie civile chinoise est en processus d’y construire une immense île artificielle sur laquelle se bâtira le nouveau Colombo moderne, épuré et à l’image de la folie de développement qui anime d’autres mégapoles comme Dubaï. Il était déjà bien tard lorsque nous avons finalement rejoint notre point de départ. Normal, il nous a fallu marcher un bon 15-20 kilomètres pour y arriver.

Quelques petites heures de sommeil et j’étais à nouveau debout en route vers le centre de plongée. Au programme : deux épaves. Et pas de la vielle carcasse rouillée étendue pêle-mêle dans le fond; deux navires, l’un coulé en 2012 et l’autre fin 90. La première, nommée le Thermopylae Sierra était un énorme cargo chypriote de 155 mètres de long transportant de la tuyauterie destinée à l’industrie pétrolière. En raison de salaires arriérés de plusieurs mois, son équipage l’a immobilisé au large de Colombo en attente de leur dû. La saga a duré plusieurs années et finalement le cargo a coulé par 25 mètres de fond lors d’une tempête de mousson. À ce jour, la bataille légale entourant le désastre n’est toujours par réglée.

L’épave est d’une telle ampleur que ses grues dominent le niveau de l’eau d’un bon 10 mètres. Sous les flot, c’est un navire presque intact dans toute son immensité qui se présente aux plongeurs. Terrain de jeu parfait, le Sierra s’est fendu en deux lorsqu’il a sombré, répandant au passage toute l’immense tuyauterie qu’il transportait pour le plus grand bonheur des poissons y ayant déclaré logis et le plus grand amusement des plongeurs aimant se faufiler parmi ce labyrinthe surréaliste. Le Thermopylae Sierra est l’une des plongées les plus impressionnantes qu’il m’ait été donné de faire à ce jour. Le navire est à ce point colossal que ça en donne le vertige. L’immersion n’était pas sans risques par contre, l’épave est jonché de filets de pêche et sa proximité avec le dessus de l’eau fait en sorte que le ressac se faufile par nombres d’orifices et crée des courants aussi puissants qu’imprévisibles.

La deuxième plongée s’est déroulée sur une épave un peu plus modeste: un remorqueur gisant à l’envers par 30 mètres de fond. Arrivés sur place, ça puait les hydrocarbures et l’eau était tachée d’un film arc-en-ciel. Plus bas, l’imposante épave du gros remorqueur retourné nous attendais.  Après avoir passé en dessous du bateau afin d’aller rendre visite à toute la vie marine qu’elle abritait, nous sommes lentement remontés vers le dessus de la coque pour explorer un jardin de coraux mous qui s’y était développé et observer les deux grosses hélices. Alors que les autres plongeurs étaient sur la remontée (trop de temps passé en profondeur), notre guide a identifié une fuite de ce qui semblait être de l’air s’échappant d’un petit orifice de la coque. En nous rapprochant et en passant notre main dans les bulles, nous nous sommes rapidement rendus compte que nous avions en fait affaire au responsable de la nappe d’hydocarbures en surface: du fioul. Après toutes ces années, la corrosion avait finalement eu raison du réservoir de carburant du remorqueur. Pas trop bon pour l’environnement, un tel bateau devait en contenir plusieurs tonnes. Je me suis dit que j’allais avertir les autorités portuaires de la fuite, quoique je serais étonné qu’elles en fasse quelque chose.

De retour sur la terre ferme, j’ai souhaité bonne contuination à mes compagnons de plongée (des ukrainiens) puis suis retourné auprès d’Audrey pour le repas du midi et la sieste subséquente. En soirée, nous nous sommes contentés d’un tour (d’au moins 12 kilomètres) de la zone où se situait notre hôtel, décidément beaucoup moins intéressante que le centre-ville de Colombo.

Le lendemain, notre vol quittait pour Mumbai vers 17h30, mais vu le trafic et l’éloignement de l’aéroport, nous l’avons joué sécuritaire et sommes partis avec un bon 4h30 d’avance. Sur place avec une bonne marge, nous nous sommes enregistrés sur notre vol et avons passés la sécurité pour avoir accès au comptoirs afin d’y déposer nos bagages en soute. La file n’était pas très longue, mais le singulier employé de Sri Lankan airlines en charge de l’opération (pendant que quantité d’autres erraient dans les parages sans buts trop précis) a fait en sorte qu’il nous a fallu un bon 45 minutes avant que notre tour vienne. Pendant un bon moment, la préposée a scruté notre passeport afin de s’assurer que nous avions effectivement les permissions requises pour séjourner en Inde. Finalement, elle nous demande: “Avez-vous un vol de sortie du pays?”. Non, car a) nous ne savons pas où et quand nous allons sortir, b) on nous a jamais informé qu’il nous fallait une telle chose au départ de Colombo et c) on nous en avait pas demandé lors de notre première arrivée. Je me rappelais par contre avoir lu à quelque part que c’était une obligation pour entrer au pays, mais que les autorités indiennes ne vérifiaient jamais.

Bref, les préposés de Sri Lankan airlines n’ont rien voulu savoir de nos plaidoiries. Finalement, nous nous sommes résolus à acheter un vol bidon pour l’annuler aussitôt arrivés en Inde (et encourir des frais…) À ce moment, il nous restait à peu près 1h15 avant notre vol. Or, impossible de trouver un endroit dans la zone des départs où le signal cellulaire passait. Il nous fallait donc sortir du bâtiment, mais comme nous étions déjà enregistré pour notre vol, la sécurité refusait de nous laisser sortir (la raison nous échappe encore). Lorsque l’inconvénient a été rapporté pour au moins la 5ème fois aux employés de Sri Lankan, ils nous ont suggéré d’aller nous servir du sans-fil libre du comptoir de service à la clientèle qui … se situait passé la sécurité. Impuissants et coincés dans ce no man’s land administratif, le peu de temps qui nous restait pour agir nous a filé entre les doigts. Alors qu’il était déjà trop tard, on a finalement décidé de nous escorter passé la sécurité. De toute manière, nous avions raté notre vol et il nous fallait maintenant arranger la suite avec le comptoir de Sri Lankan à l’extérieur Au final, il nous en a coûté 120$US de frais pour réserver une place sur le départ du lendemain. Pendant que nous étions en train de régler ces détails avec le comptoir, une touriste russe dans la même situation que nous s’est pointée en panique. Vu qu’elle n’avait pas de carte de crédit, je lui ai gentiment payé son vol (en échange de l’équivalent US cash) bidon de sortie du Qatar (qui partage cette règle stupide avec l’Inde il faut croire).

Vite fait, nous nous sommes trouvés une auberge dans le coin de l’aéroport puis nous y sommes rendus en tuk-tuk. Heureusement, ils y vendaient de la bière. Le lendemain, avec encore plus d’avance et de détermination que la veille, nous sommes arrivés à l’aéroport. Tout comme hier, il y régnait un manque flagrant d’organisation. Lorsque l’employée au comptoir d’enregistrement nous a demandé les informations concernant notre vol de sortie de l’Inde, nous lui avons aussitôt répondus que nous quittions Calcutta le 12 avril à 2h du matin pour Bangkok en Thaïlande. Ces petites formalités remplies, nous avons pu passer l’immigration sans encombre pour aller patiemment attendre notre départ vers Bombay.  Le vol pour Bangkok, c’était un faux billet généré à partir du site internet returnflights.net la veille…

Côte sud-ouest (Hikkaduwa, Mirissa et Unnawatuna), Sri Lanka

Hikkaduwa

Le trajet de bus depuis Kandy aura été plutôt éprouvant, en bonne partie en raison du trafic infernal qui règne à Colombo, la capitale. Il était déjà tard quand nous sommes finalement arrivés à Hikkaduwa, un village côtier où la plongée semblait bonne. Finalement, après tout ces mois d’attente, j’allais pouvoir pratiquer mon sport favoris. Heureusement pour moi, le centre avec qui je comptais faire mes submersions était encore ouvert, alors il m’a été possible de réserver une place sur le bateau du lendemain et aussi de m’assurer qu’ils allaient bel et bien visiter les épaves du coin.
En fin de compte, les deux plongées se sont avérées être plutôt moyennes. La première, un pétrolier échoué au début du 20e siècle était relativement intéressante, la deuxième, un voilier ayant prit feu quelques décennies auparavant n’a pas été d’un grand intérêt. Au niveau nature, rien d’exceptionnel. Bref, j’en ai quand même eu pour mon argent et l’expérience a été fort agréable, mais je crois être devenu un peu trop exigeant.
Audrey est venue me rejoindre au centre pour s’informer si allait être possible pour elle de faire son baptême de plongée. Hélas, pas de place. Nous avons donc profité du reste de l’après-midi pour nous balader sur la plage qui n’avait rien d’excitant: pas trop sale, mais surchargée de restaurants et d’hôtels et longée d’une route très passante. Par contre, à l’une de ses extrémités, des tortues de mer venaient fréquemment s’approcher dans l’eau à hauteur de genou (car les gens de l’endroit les nourrissaient) et ce jour là, elles étaient au rendez-vous. En soirée, nous avons pu profiter de l’ambiance auberge de l’endroit où nous étions et converser avec d’autres voyageurs.

Mirissa

N’ayant pas pu trouver de plongée pour Audrey à Hikkaduwa, il a été décidé d’aller tenter notre chance à Mirissa, plus au sud sur la côte et réputée pour de la belle nature sous-marine. Sur place, après avoir visité pas moins de 5 centres, impossible d’en trouver un avec des disponibilités et/ou ayant l’air un tant soit peu professionnel. Déçus, nous nous sommes rabattus sur la baignade. Les vagues avaient au moins de l’allure et nous considérions même louer des planches de surf le lendemain. Niveau plage et ambiance par contre, même chose que le précédent endroit: rien de spécial.
Nous devions rester deux jours à Mirissa, mais c’était pour y plonger. Oui, nous aurions pu tenter le surf et ce n’était pas la motivation qui manquait, mais les cours étaient chers et de simplement louer des planches et s’engager dans les vagues sans expérience ne nous disait rien de bon. Nous avons donc pris la décision d’écourter notre séjour ici pour retourner à Colombo. Malheureusement, Audrey n’allait pas pouvoir faire son baptême. Il y avait de la pongée là-bas, mais elles se faisaient entièrement sur épaves par grande profondeur (ce qui n’était pas pour me déplaire).

Unawatuna

Vu qu’Unawatuna se situait sur la route vers Colombo, pourquoi ne pas s’y arrêter et tenter notre chance? Notre carte indiquait la présence de plusieurs centres de plongée. De plus, nous avions initialement considéré y aller plutôt qu’à Mirissa. Une erreur de notre part, car dès le premier établissement visité, il était clair que le niveau de professionnalisme des opérations était ici largement supérieur. Audrey a donc pu rapidement se trouver un baptême l’après-midi même à bon prix et avec une instructrice française. Pour ma part, j’allais plonger avec eux en tant qu’observateur. Le vent d’après-midi s’était levé alors il y avait des remous et du ressac, mais Audrey s’en est tirée comme une maître. Vous lui demanderez qu’elle vous raconte son expérience depuis sa perspective.
 
De retour sur la terre ferme, nous avons pris quelques bières avec l’instructrice pour fêter le baptême et simplement converser de voyage et de plongée. En soirée, rien de très extravagant, nous sommes simplement allés profiter de la plage, probablement pour la dernière fois du voyage.

Île de Vis, Croatie – Dubrovnik, Croatie

  • Date: 31 juillet 2017
  • Départ: 12h00
  • Arrivée: 21h00
  • Température: soleil
Cliquez pour voir la carte sur Google Maps

Partis à l’heure prévu, nous avons passé par Vis avant de nous rendre à Komiža afin d’acheter nos billets pour le traversier et ainsi gagner de précieuses minutes. Ma plongée se terminait vers 11h00 et il fallait être en ligne pour le traversier vers 11h30. Malheureusement, la billetterie était fermée.

Arrivé au centre, j’ai pris possession de mon équipement, réglé ma plongée (50 Euros) puis fait connaissance avec mon équipier, un Slovène en vacances sur l’île pour une dizaine de jours et qui semblait avoir autant d’expérience en plongée que moi. Le bateau parti, je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas de profondimètre sur la console de mon équipement de location. D’ailleurs, aucun équipement n’en avait. Normalement, je plonge avec mon ordinateur (qui donne la profondeur) alors je n’en aurais pas fait de cas mais là, c’était un brin déconcertant (en réalité très risqué) d’autant plus que nous allions plonger profond. Bon, j’allais devoir m’en remettre aux informations de mon équipier et mon expérience. Tout de même, je brisais là nombre de règles du métier.

Une fois descendu au plus bas, j’ai senti un peu de narcose et me suis dit que compte tenu de la lumière et de la distance avec la surface, nous devions être à 40 mètres; le tout a été confirmé par un coup d’oeil à l’ordinateur de mon coéquipier. Quant aux coraux, ils étaient bien là et similaires à ceux des Caraïbes quoi que moins nombreux et habités par moins de faune. La remontée s’est faite toute en douceur avec un palier de sécurité plus que nécessaire cette fois car nous avions dépassés les limites de décompression par moment.

Une fois retourné sur la terre ferme, j’ai lavé mon équipement, salué ceux avec qui j’avais partagé la matinée et Audrey m’a ramassé devant le centre. Nous devions à tout prix ne pas rater le ferry de 12h00. À Vis, un petit vent de panique est passé en voyant l’énorme file de véhicules pour le ferry. Finalement, nous sommes rentrés les avants derniers. Quelle chance. Une fois à Split, un bon deux heures a été perdu à chercher un objectif de remplacement pour l’appareil photo. Il était plus que temps que nous nous mettions en route vers Dubrovnik si nous voulions pouvoir y passer un peu de temps. Malheureusement, nous avons encore étés retardés par une petite bourde de navigation qui nous a fait longer la côte plutôt que d’emprunter l’autoroute.

Quelques heures plus tard et un petit morceau de Bosnie traversée, nous étions à Dubrovnik, surnommée la perle de l’Adriatique et rendu d’autant plus célèbre depuis que la fameuse télé-série Game of Thrones y a tourné les scènes ayant lieu dans la capitale. On ne va pas en Croatie sans visiter Dubrovnik tout comme on ne va pas en France sans passer par Paris. Pourtant, on m’avais averti que je n’allais pas tant apprécier l’expérience…

Il était 22h00 passés quand nous sommes sortis de l’auberge pour nous diriger vers la vielle ville. Arrivé là, je me suis mis en mode exploration et ai frénétiquement traîné Audrey et sa mère dans tous les coins qui attiraient mon attention. Je leur ai offert de me laisser à moi même et de revenir demain si elles voulaient voir les choses à leur rythme, mais moi, je ne comptais pas y remettre les pieds alors j’allais rentrer le maximum de visite jusqu’à l’épuisement. Oui, Dubrovnik était belle et spectaculaire, mais l’atmosphère qui régnait à l’intérieur de ses murs fortifiés était en tout point comparable à celle de la rue Saint-Laurent à Montréal: factice et cher. Quelques heures plus tard, Audrey et moi satisfaits et sa mère épuisée, nous sommes rentrés nous coucher. Le lendemain, le Monténégro nous attendait.

Le roi des récifs

Article initialement publié sur l’ARN Messager, journal des étudiants en biologie de l’Universié de Montréal. Basé sur l”article de 2013, “Spearing Lionfish”.

Le genre Pterois – ou plus communément le poisson lion – mérite bien son titre. Avec sa large crinière et son attitude impérieuse, il règne en souverain dans la plupart des récifs de coraux des Caraïbes et s’est affairé dernièrement à étendre son empire le long de la côte est américaine. Sa venue en a détrôné plus d’un au rang du plus beau pisciforme; poissons anges, coffres et clowns ont été relégués au rang de simples courtisans. Pour la plupart des plongeurs, il sera invariablement le clou du spectacle. Une photo vaut mille mots; vous n’avez pas vu beaucoup de spécimens plus élégants. Après une plongée, la beauté du poisson lion aura certainement tapé dans l’œil de la majorité des participants. Cependant, peu d’entre eux seront au courant de l’ampleur des ravages que ce magnifique poisson cause aux récifs de la région.

Un Pterois volitrans dans toute sa splendeurUn Pterois volitans dans toute sa splendeur (Laszlo Ilyes, Wikimedia Commons, 2010)

Un intrus

Les conquérants ont rarement été invités et le poisson lion n’y fait pas exception. Originaire des eaux des océans Pacifique Ouest et Indien, personne ne sait vraiment comment il s’est rendu jusqu’aux Amériques. Avec son habit d’apparat, sa majesté n’a certainement pas traversé le vaste Pacifique par lui-même. Peut-être était-ce à bord des ballasts d’un navire de fort tonnage? Plausible mais peu probable. Une théorie qui a prévalu longtemps voulait que des poissons lion captifs se soient échappés d’un aquarium de Floride brisé lors de l’ouragan Andrew de 1992. Pour autant que l’on sache, l’origine de leur venue est encore inconnue, car bien avant les ravages d’Andrew, le roi du récif avait déjà été aperçu le long de la côte floridienne. Étant des poissons assez prisés des aquaristes, la thèse qu’ils aient été relâchés intentionnellement ou par erreur par un propriétaire a récemment refait surface.

 

Un destructeur

Qu’importe, le mal est fait. Les poissons lions sont désormais légion et causent des ravages sans précédent dans tous les écosystèmes qu’ils fréquentent. Dotés d’un appétit sans précédent, ils dévorent les autres poissons des récifs sans demander leur reste. Ils ont beau traîner tout cet attirail derrière eux, ils sont néanmoins capables de formidables impulsions pour capturer leur proie. Le récif n’est pour eux qu’un simple buffet. Leur nageoires sont hérissées de dards vénéneux, alors gare à vous si vous vous y frottez. On a comparé leur piqûre à celle de se faire fermer une portière de voiture à pleine vitesse sur les doigts. Résultat : votre main enflera jusqu’à l’épaule et vous vous retrouverez agonisant de douleur dans le fond du bateau. Vos vacances? Invariablement gâchées pour quelques jours, car il n’existe aucun antidote. Pour un plus petit habitant du récif qui serait tenté de goûter au roi, c’est une mort certaine qui l’attendra au détour.

Le poisson lion n’a donc pas de prédateur naturel dans les Amériques. Les requins sont apparemment immunisés à leur poison, mais ayant malheureusement été virtuellement éliminés de la région, on ne peut pas vraiment compter sur eux pour endiguer la propagation de cette espèce invasive. On a recensé des Pterois dans le ventre de mérous, mais encore là, leur faible densité fait d’eux une piètre option. Le lion règne donc en roi partout où il s’installe. Là où il est activement chassé, on le retrouve généralement tapis dans les crevasses. Ailleurs il déambule en plein jour comme si  rien n’était, comme le témoigne cette vidéo, où un plongeur en harponne pas moins de 200 sur un seul site.

Un délice

La seule espèce capable de contrer la progression de l’envahisseur, c’est un Homo sapiens palmé armé d’un harpon. Encore une fois donc, il incombe à l’homme de réparer les torts qu’il a causé à la nature, sauf que là heureusement, le poisson lion est délicieux. Dans un burger ou en ceviche, la mort rétracte son venin à l’intérieur de ses épines et pour autant que l’on soit muni d’un bon couteau, il est relativement facile de le fileter.

Chasser le poisson lion est une autre paire de manches par contre. Complètement indifférent face à la menace d’un trident à deux pouces de sa tête, il ne fait pas une redoutable proie. Le problème, c’est qu’un faux mouvement pourrait se solder par une piqûre, car la direction de ses bonds est somme toute imprévisible. Plus c’est beau et coloré, plus c’est toxique. En langage technique, c’est de l’aposématisme, une manière qu’a l’animal d’avertir ses prédateurs qu’ils devraient passer leur chemin.

Sur l’île d’Utila au Honduras,  le centre de plongée dans lequel je suivais une formation, envoyait sporadiquement ses  maîtres plongeurs à la chasse, à la fois pour contrôler l’expansion de l’espèce, mais aussi pour alimenter ses cuisines de chair fraîche pour le fameux « save the reef » burger. Dans les récifs encerclant l’île, les efforts de contrôle étaient assez efficaces, puisque apercevoir un Pterois était somme toute peu fréquent. Loin des sites de plongée par contre, on le retrouvait en grand nombre. C’est donc là que nous allions chasser, dans les collines marines qui bordaient la périphérie extérieure de l’île. Le stress, l’effort et la profondeur demandaient  des habilitées de plongée supérieures à la moyenne pour éviter les accidents de décompression, mais le défi principal résidait dans le fait que nous n’étions autorisés à nous servir que d’un harpon – erronément appelé sling hawaiienne – d’une longueur maximale de deux pieds, ce qui exigeait que nous approchions nos mains nues dangereusement proche de notre proie.

La sling hawaiienne est un petit trident auquel est attaché à son extrémité un élastique chirurgical. L’élastique est enfilé autour du pouce et il est bandé jusqu’à ce que la main puisse agripper la base du trident. Lorsque la poigne est relâchée, le trident est projeté vers l’avant par la force de l’élastique avec suffisamment de force pour transpercer un poisson de taille moyenne. Dans nombre de vidéos incluant celui ci-haut, les plongeurs sont munis d’une sling avec un long manche, ce qui établit plus de distance entre eux et leur proie et leur permet l’utilisation d’un plus long élastique pour une puissance accrue. En vertu des règlements en place pour limiter la pêche sur l’île d’Utila, nous étions limités à un harpon de deux pieds et des mains sans protection, le port de gants étant lui aussi interdit.

Le stockage du poisson lion harponné présente lui aussi un défi. Il n’est pas possible de se servir d’un simple sac de maille tissée, car ses dards pointus présentent encore un danger pour quelques temps après le décès. Il existe des contenants adaptés, mais pas de Fedex ni d’UPS sur l’île, alors nous devions faire avec les moyens du bord, soit des tuyaux de PVC bouchés aux deux extrémités. Pendant qu’un plongeur s’occupait du harponnage, son compagnon devait tenir le réceptacle en prenant garde de ne pas toucher ses embouts troués.

Une fois à bon port avec les prises de la journée, tous les spécimens étaient mesurés pour fin de statistiques et ensuite filetés pour le ceviche du soir. Les abats, eux, étaient répandus dans les alentours en espérant qu’il vienne à un prédateur plus adapté qu’un humain à la vie aquatique l’aspiration de détrôner le poisson lion comme roi du récif.

En conclusion

Que les premiers spécimens soient arrivés par bateau ou relâchés par un propriétaire d’aquarium qui voulait leur donner une seconde chance plutôt que de les tuer, ce n’est qu’une triste conséquence d’un manque de jugement de notre part. Il n’y a pas eu malice ou de grossière négligence de la part de personne. Je ne sais pas si globalement, les efforts pour endiguer la progression de l’espèce portent fruit. Localement par contre, sur plusieurs îles que j’ai fréquenté, la communauté des plongeurs et les habitants se sont mobilisés pour contrer l’envahisseur, car vivant de pêche de subsistance ou de l’éco-tourisme, leur source de revenus ou nourriture en dépend. Il s’organise des « lion fish derby », où tous se rassemblent un après-midi pour aller chasser sur les récifs. L’évolution des populations est suivie par des biologistes et les autorités locales et lors de plongées avec des clients, nous apportions souvent notre équipement de chasse au cas où nous rencontrerions un Pterois. Bien que faisant face à d’autres menaces, les récifs autour de ces îles s’étaient généralement affranchis de celle du poisson lion, grâce aux efforts concertés des différentes parties prenantes. Ailleurs par contre, l’ampleur des dégâts est difficile à juger. Cela peut sembler paradoxal, mais désormais, la santé de ces écosystèmes fragiles dépend en grande partie de celui qui les a mis en danger en premier lieu: l’homme.


Références