Shymkent, Kazakhstan – (Turkestan) – Baïkonour, Kazakhstan

  • Date: 11 septembre
  • Départ: 15h30
  • Arrivée: 3h00
  • Température: soleil
  • Route: autoroute puis route d’excellente qualité
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Première priorité: régler notre problème de pneus. Maintenant connaisseur de la manière kazakhe de réparer les véhicules, j’ai demandé au propriétaire de l’auberge où se trouvait le coin garage de la ville. Une fois là-bas: malheur, quasiment tout était fermé (un lundi). Exception faite de quelques personnes affairées à bricoler, c’était vide.

Tout de même, quelques Kazakhes se sont approchés de nous pour voir si nous avions besoin d’assistance. Avec leur aide, nous sommes parvenus à réinsérer une mèche sur un pneu et à le regonfler. Pour l’autre, l’un d’eux m’a donné une nouvelle valve (et refusé l’argent que je lui ai offert). Alors que je m’apprêtais à la poser pendant qu’Audrey et Aurélien s’occupaient de réinstaller l’autre pneu. Une famille qui dînait non loin nous a interpellé et invité à leur table pour partager salade et plov à même leur petit commerce de pare-brise. La propriétaire était manifestement heureuse de nous recevoir et fière de nous présenter son fils et petit fils sans manquer de nous demander si nous avions un compte Instagram. Une fois le dîner terminé, son fils m’a emmené chez un vulcanizer (le spécialiste du pneu) pour pour faire installer la valve et regonfler la roue. De retour à la voiture, le tout a été installé en deux temps trois mouvements et après avoir longuement remercié nos hôtes d’un repas, nous avons finalement quitté Shymkent. Sérieusement, les Kazakhes sont des gens formidables.

Un petit deux heures plus tard et nous étions à Turkestan, ville intéressante car haut lieu de pèlerinage au Kazakhstan. Son mausolée vaut vraiment le coup d’oeil, alors malgré un départ tardif, il fallait que nous nous y arrêtions. La visite faite et de retour sur la route pour quelques centaines de kilomètres jusqu’à Kyzylorda pour un ravitaillement en essence et en vivres en prévision des prochains jours de camping. Il commençait à se faire plutôt tard et nous avions un décollage à observer.


Il décollait une fusée Soyouz le 12 septembre (21h20 GMT), mais chanceux que nous sommes, il décollait aussi une Proton le 11 septembre à (19h40 GMT) afin de mettre un satellite de télécommunications en orbite géo-stationnaire. Aurélien ne l’avait initialement pas remarqué dans la planification des vols, alors elle était possiblement un report pour mauvaise météo ou problème technique. Nous allions donc avoir l’opportunité d’assister à deux lancements. Si seulement nous pouvions nous rendre à temps, car de Kyzylorda, nous étions encore à un bon 200 kilomètres de notre point d’observation. Pas question d’appuyer plus fort sur l’accélérateur par contre. Bien que la route était en bon état, il s’y trouvait sporadiquement vaches, chameaux et chevaux. D’ailleurs, je m’étais un peu plus tôt fait une belle frousse en remarquant in extremis dans la nuit un troupeau entier de bovins en plein milieu de l’autoroute à la sortie d’un virage.

Vu que l’internet avait été très avare d’informations concernant les lancements depuis Baïkonour, nous ne savions pas vraiment à quoi nous attendre.Heureusement, la météo était de notre côté, mais quand même, allions nous être en mesure de voir quelque chose depuis 20 kilomètres, 40? C’est pourquoi nous ne voulions vraiment pas manquer le lancement d’aujourd’hui afin de pouvoir si nécessaire réviser notre technique d’observation pour celui du lendemain. Lors de nos recherches, nous avions ciblé un point d’observation accessible depuis la route à l’aide d’images satellites qui nous plaçait à la plus courte distance à vol d’oiseau de la plateforme tout en restant hors de la zone d’exclusion du cosmodrome. Par contre, nous ne savions pas s’il s’y trouvait des obstacles comme des collines, si le chemin était praticable, si d’autres gens n’y étaient pas déjà, si l’endroit était infesté de chameaux, etc. Les questions ne s’arrêtaient pas là: dans quelle direction les fusées décollaient? Théoriquement le nord-est, mais nous n’en étions pas certain. À quoi ressemblait une trajectoire dans le ciel? Etc.

Nous étions encore à 20 kilomètres de ce dernier et donc 45 de la plateforme de lancement lorsque les moteurs de la fusée Proton se sont déclenchés. Aussitôt, une partie de l’horizon et j’ai tout de suite arrêté la voiture sur le bas côté pour que nous sortions profiter du moment. Rapidement, une longue traînée de flammes s’est élevée de l’horizon suivi d’un panache de fumée. Passant d’une trajectoire verticale à presque horizontale dans le ciel, la fusée a continué son vol et s’est graduellement transformée en un point très lumineux qui s’est à son tour séparé en deux alors que le premier étage s’est détaché du reste de l’engin. Quelques minutes plus tard, un grondement sourd a envahi la steppe pendant une bonne trentaine de secondes. Absolument fantastique.

S’il fallait qu’un décollage soit si impressionnant de 45 kilomètres, il allait l’être encore plus de 20 et encore davantage de 3 (pour autant que l’on trouve un moyen de s’y rendre [c’était là notre mission du lendemain]). Une fois à Baïkonour, il était un peu trop tard pour installer le camp, alors nous avons demandé les directions vers (le seul) hôtel de la ville pour y passer la nuit. Au matin, nous allions pouvoir débuter plus tôt notre recherche d’un moyen de rentrer sur le cosmodrome afin d’observer le lancement d’encore plus proche.

Almaty, Kazakhstan – Shymkent, Kazakhstan

  • Date: 10 septembre
  • Départ: 13h00
  • Arrivée: 0h30
  • Température: soleil, nuages et petite pluie
  • Route: autoroute d’excellente qualité
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Un dernier petit repas à la cafétéria kazakhe et hop, nous voilà partis. Ça roule bien, l’autoroute est neuve et ça se voit. Selon Aurélien, elle a été financée par les Chinois en tant que nouvelle “Route de la soie”, où plutôt un moyen pour eux d’accéder les marchés européens par la terre. On s’arrête dans un halte routière pour une pause toilette et en inspectant le niveau d’huile, j’entend un bruit de fuite d’air qui vient d’un pneu. Merde! Hier lors du réalignement, le mécanicien a mal replacé l’enjoliveur et en roulant, celui-ci a frotté contre la valve et l’a sectionnée. Changement de pneu donc.

Repassant du côté conducteur pour prendre ma place dans le véhicule et repartir, je remarque que le pneu est affaissé. Remerde! C’était la réparation que j’avais faite en Ukraine et que je venais de déplacer de l’arrière à l’avant l’avant veille. Il semblerait que le poids du moteur l’ait fait lâcher. Comme il restait un peu d’air, nous avons tenté le trajet jusqu’au village voisin, décidément trop petit pour que nous trouvions un garage. À Taraz, la ville voisine, nous sommes tombés sur plusieurs endroits potentiels, mais aucun n’était en mesure de réparer nos pneus, seulement de redonner un petit coup de pompe à celui qui se dégonflait. 200 kilomètres plus tard, le pneu s’était redégonflé et a été remplacé par notre deuxième roue de secours (nos deux roues de secours sont en fait des pneus très usés).

Voyez-vous? De la belle autoroute!

La route était d’excellente qualité et l’est resté du début jusqu’à la fin mis à part quelques sections de un kilomètres et moins qui n’avaient simplement pas été refaites. C’était d’ailleurs chose commune au Kazakhstan (et dans les pays moins développés), parfois des routes, parfois des bâtiments, bref, une bonne partie des projets n’étaient pas menés à complétude où visiblement bâclés. À qui la faute? Probablement, la corruption, le manque de fonds ou les deux …

Finalement arrivés à destination, nous avons rapidement trouvé notre hostel, déposés nos affaires et sortis acheter une bière et de quoi manger. Le tout a été consommé en compagnie d’Alejandro, un Espagnol en cavale dans la région.

Camp dans la steppe – Almaty, Kazakhstan

  • Date: 6 septembre
  • Départ: 6h30
  • Arrivée: 21h00
  • Température: orages
  • Route: route moyenne et route endommagée par les camions
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Vers 5h30, il s’est mis à tonner. Vers 6h00 du matin, il était clair que l’orage allait nous tomber dessus. En temps normal, je serais resté bien au sec dans la tente en attendant que ça passe, mais au beau milieu de la steppe et potentiellement le point le plus haut des alentours, il fallait décamper. En cinq minutes, le camp était donc levé, tout l’équipement fourré pèle-mêle dans la voiture et nous étions en route. Ce n’était pas plus mal à notre avis, car nous étions loins d’avoir fait suffisamment de route la veille pour couper le trajet en deux portions raisonnables et avions donc devant nous notre plus grosse journée jusqu’à maintenant en terme de distance.

J’ai conduit le premier trois heures pendant qu’Audrey siestait. Lorsque plus en mesure de combattre la fatigue, je lui ai passé le volant pour m’assoupir. Deux heures plus tard, elle me réveille d’urgence, la police venait de nous coller. Apparemment, nous roulions 90 dans une zone de 70 et l’amende était de 27430 tengue, payable cash sur le champ. Louche. Audrey et moi avons donc décidé de jouer la carte du touriste qui ne comprend rien du tout et après cinq bonnes minutes à donner du fil à retordre aux policiers, ils ont abandonné le projet de nous extorquer de l’argent. Est-ce que l’amende était méritée? Aucune idée, mais nous nous serions attendus à un papier officiel et quelque chose qui se paye en ligne, à la banque ou au poste. Or, rien de tout cela ne nous a été présenté, laissant présager de la corruption.

Peu à peu, la steppe s’est changée en paysage désertique et ce même si nous longions les eaux turquoises du plus grand lac du Kazakhstan. L’état de la route a lui aussi suivi une évolution: de l’acceptable au désastreux. Peu de nids-de-poules, mais d’imposantes ornières. Heureusement, avec notre suspension toute neuve, pas une seule fois le dessous de la voiture n’a frotté le bitume et nous roulions à bonne vitesse sur une route dans laquelle nous n’aurions pas dépassé 30 km/h la semaine dernière. C’est tout de même curieux que l’axe routier principal du pays ne soit pas mieux entretenu. Vu la quantité de trains de passagers et de marchandise que nous avons passé, c’est peut-être parce que le fret et les humains voyagent préférablement par voie ferrée…

Arrivés à l’hostel vers les 21h00, nous nous sommes dirigés vers la cafétéria la plus proche car affamés. En grand besoin de nous dégourdir les jambes, nous sommes ensuite partis explorer un pan de la ville pour ne revenir que vers les 1h30 du matin.

 

Astana, Kazakhstan – (Karagandy) – Camp dans la steppe

  • Date: 5 septembre
  • Départ: 12h00
  • Arrivée: 20h00
  • Température: ciel nuageux
  • Route: autoroute puis route deux voies avec bonne qualité de surface
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Avec près de 1300 kilomètres jusqu’à Almaty, il nous fallait couper le trajet en deux grosses journées. Malgré nos meilleurs intentions, nous ne sommes pas parvenus à quitter l’hostel avant midi. Il faut dire que nous nous étions engagés dans des discussions plutôt intéressantes… Originalement, nous voulions passer par un lac qui parait-il est colonisé par les flamants roses en cette saison. Après analyse du trajet, nous avons réalisé qu’il nous aurait fallu la journée entière pour faire l’aller-retour. Nous nous sommes donc rabattus vers une autre visite, celle du petit musée régional de Karagandy où se trouvait une section sur l’énorme gulag qui existait jadis près de la ville.

Arrivé-là par une autoroute de bonne qualité (quoi qu’encore en construction [selon notre guide elle devait avoir été terminée pour l’exposition]), nous avons trouvé le musée sans trop de difficulté. S’y trouvait en même temps que nous un autre touriste d’origine autrichienne, donc nous avons partagé la visite avec lui. Malheureusement, la section sur le gulag n’occupait qu’une seule salle et n’avait aucun texte en anglais (pourtant présent dans le reste du musée), donc la visite s’est avérée un peu décevante. Après des petites courses, nous sommes sans trop de difficultés sortis de la ville.

Cimetière Kazakhe

40 kilomètres plus tard, peu après avoir fait un arrêt dans un cimetière Kazakhe (ils sont légions dans la steppe) puis un autre au monument aux victimes érigé sur le site même de l’ancien gulag, nous avons décidé de ramasser quelqu’un en auto-stop. S’en est suivi une bonne heure de discussion en anglais cassé et traductions Google, mais au final, nous sommes parvenus à échanger bien de l’information et réciproquement passer un bon moment. Nous nous attendions à ce que notre passager voyage au village suivant, mais il se rendait plusieurs centaines de kilomètre plus loin. Il nous a donc fallu patiner un peu pour lui faire comprendre que nous comptions camper à proximité de la route et devions donc lui fausser compagnie. Une fois le message passé, ce dernier nous a indiqué qu’il nous ferait signe lorsqu’un endroit propice se présenterait. Entre-temps, il nous a fait don d’un stylo, 200 tengue (80 cents) et d’une pâtisserie en guise de remerciement. Par la suite, il nous a laissé son numéro au cas où nous voulions de l’aide ou simplement passer le visiter. Je le dis et le redis, les Kazakhes sont des gens formidables. En fait, il était originaire du Kirghizistan, mais j’ose croire que cette hospitalité et cette amabilité est un concept généralisé à l’Asie-Centrale.

Arrivés à un embranchement de route, notre passager nous a fait signe d’aller nous installer par là et est descendu du véhicule. Il était moins une en fait, car le soleil était sur le point de se coucher et je ne sais que trop bien le genre de désagrément que peu engendrer la recherche de camping la nuit. Après deux kilomètres de route terreuse, nous avons piqué droit dans la steppe (avec notre nouvelle suspension, pas de craintes!) pour nous installer derrière une colline, à l’abris de la route et du village voisin. De là, nous sommes allés observer le coucher de soleil puis nous sommes cuisinés de bon dumplings dans un bouillon de boeuf pour souper.

Cette photo a été prise à 22h00, soit 2 heures après le coucher du soleil

Le soleil se couche vers 20h00, donc qu’est-ce que l’on fait pour tuer du temps jusqu’au coucher? On peut discuter certes. On peut aussi tenter de se rapprocher d’un petit groupe de chevaux sauvages qui broutent l’herbe non loin. Il est aussi possible de s’amuser avec de longs temps d’exposition afin de faire de la belle photo de nuit. Là j’avoue que l’on s’est gâté, car la lune était pleine et vous le verrez sur les images, les photos paraissaient avoir été prises en plein jour.

15s d’exposition; on voit même les étoiles dans le ciel

Kostanaï, Kazakhstan – Astana, Kazakhstan

  • Date : 30 août
  • Départ : 09h30
  • Arrivée : 12h30
  • Température : soleil
  • Route : routes ultra défoncées, route en bon état puis autoroute
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«Si tu te trompes de route, il va te falloir au moins 100 kilomètres pour t’en rendre compte. »

Vous rappelez-vous de ce petit dicton formulé pas plus tard que la veille? On l’a mis à l’épreuve aujourd’hui. Partis tôt, pour tenter d’atteindre Astana en début de soirée, nous nous sommes rapidement butés à des kilomètres et des kilomètres de route pourrie. Arrivés à un embranchement où la gauche allait à Kokchetaou et la droite à Astana, nous avons bien évidement suivi les directions des panneaux et de la carte. Cinquante kilomètres plus tard, la route s’est effacée pour donner place à un champ de trous et de gravier. De petites plaques de bitumes témoignaient encore que dans un lointain passé, probablement à l’ère soviétique, la surface était pavée. Une heure et demie plus tard, nous en sommes finalement venus à la conclusion que quelque chose clochait : il n’y avait plus aucun camion et nous n’avions croisé que deux autres voitures depuis l’intersection. Pourtant, la carte nous indiquait que nous étions sur le bon chemin…

Je me suis à ce moment rappelé que Google Maps nous faisait passer par Kokchetaou pour aller à Astana. Les Kazakhes, plus futés que nous, prenaient évidemment ce chemin plus long car la route y était praticable. Nous étions déjà bien engagés, mais face à la perspective d’avoir à subir plusieurs autres heures de ce désastre (on avançait à 10-20 km/h) versus l’autre route empruntée par tous et le tronçon Kokchetaou – Astana certainement de très bonne qualité car lien principal avec la Russie, nous avons rebroussé chemin. Le bilan : 3h30 perdus.La leçon a été apprise par contre, lorsque la route est pourrie mais que tout le monde passe par là, prend ton mal en patience. Si la route est pourrie et que personne ne la prend, tu t’es trompé de chemin. En guise de dédommagement, de la belle campagne Kazakhe à perte de vue et même à un moment une petite trombe devant nous. Décidément, nous ne nous attendions pas à ce que le nord du Kazakhstan soit aussi agricole. Dans les champs, les épis de blés y sont en moins grande densité et sont de plus petite tailles, mais les Kazakhes compensent cette faible productivité en couvrant des kilomètres carrés à la fois.

Le moment où nous avons décidé de rebrousser le chemin

Comme de fait, la route vers Kokchetaou était plutôt excellente. Après un court arrêt essence et bouffe en bordure de la ville, nous étions de retour sur quatre roues. Tel que prévu, l’axe Kokchetaou – Astana s’est avéré être une autoroute 6 voies d’une qualité que l’on a même pas au Québec. Probablement construite pour l’exposition, elle nous a transporté vers Astana à 120 km/h sans à-coup. Dommage qu’à ce moment il faisait nuit, nous aurions tout de même adoré voir à quoi ressemblait le paysage autour d’Astana. Nous n’avions aucun hostel pour la nuit et il se faisait tard. En tentant de prendre un virage un peu louche, nous avons été intercepté par la police qui heureusement, s’est contenté de nous sermonner en Russe puis nous a laissé partir. Heureusement pour nous, un hotel non loin n’avais pas sécurisé son internet, alors nous sommes allés consulter la liste et avons choisi celui qui nous semblait le mieux et dont la réception était ouverte 24h. Du peu que l’on a vu d’Astana, elle semble avoir bel et bien le look futuriste que l’on lui donne. Toute neuve avec de grandes artères et illuminée comme jamais, elle s’annonce impressionnante. Nous allons de toute évidence y passer quelques jours, car la voiture a un urgent besoin d’entretien et de préparation pour le reste de l’Asie-Centrale.